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cer par être une révolution religieuse. On ne peut
changer les mœu r s , les institutions, le gouverne–
ment, qu'on ne change en même temps la religion.
La Turquie ne pouvait donc être sauvée que par
les mêmes moyens, mais dirigés en sens inverse,
par lesquels elle était menacée de périr. Ces
moyens devaient changer de caractère, non de n a –
ture. Mahmoud fut le premier parmi les souverains
de l'islam qui comprit cette vérité et qui entreprit
d'arriver à la régénération de son empire par une
interprétation plus large des doctrines renfermées
dans le Coran. Il ne changea rien au texte de la loi,
mais, en modifiant le sens suivant les besoins de sa
politique c omme avait fait Mahomet lui-même, il
se rapprocha davantage de la pensée du fondateur.
Depuis longtemps déjà les esprits éclairés de l'islam,
à force de méditer sur les dogmes du Coran, les
avaient dépouillés de leur enveloppe mystique et
sacrée pour les ramener à une doctrine purement
philosophique. Mahmoud se servit des propres
armes de ses adversaires pour les combattre. Mal–
gré les épithètes de
ghiaour
(
infidèle), qui lui fu–
rent prodiguées, c'est au nom de la religion qu'il
détruisit les janissaires, qu'il dispersa les ordres
religieux, qu'il établit ses principales réformes. Il
est dit dans le Livre : «
Employez même les armes des
infidèles pour les vaincre ;
»
et le sultan arme et d i s –
cipline ses soldats à l'européenne. 11 est dit encore :
«
Allez chercher la lumière jusqu'en Chine,
»
et il
1.
Fonds A.R.A.M