P a r malheur, l'orgueil musulman, forcé de s'a–
vouer
à
lui-même sa défaite, au lieu de remonter
à la cause véritable, aimait mieux l'attribuer
à
une
volonté supérieure
à
l'humanité ; «
Chaque nation a
son terme : quand le terme est amvè, les hommes ne
sauraient ni le reculer ni l'avancer;
»
et, rapprochant
cette parole du Coran d'une ancienne tradition
d'après laquelle les Turcs ne se considèrent que
comme campés en Eu r ope , les fidèles Osmanlis se
tenaient prêts
à
repasser le Bosphore, aussitôt que
Constantinople leur échapperait. De leur côté, les
janissaires qui avaient été un élément de force et de
conquête irrésistible tant que l'Europe n'avait eu
à leur opposer que des bandes irrégulières et indis–
ciplinées , se refusaient
à
admettre les effets de
l'armement et de la tactique modernes, et se mo n –
traient hostiles
à
tout projet de réforme, même mi –
litaire, aimant mieux périr avec l'Etat que de le
sauver en se transformant.
Sint ut sunt, aut non sint.
Les ulémas et la plupart des ordres religieux qui
constituaient une sorte de sacerdoce dans l'islam,
contrairement au principe même du Coran, fai–
saient sur ce point cause commune avec les janis–
saires, et s'efforçaient, de concert avec e u x , de
maintenir la Turquie dans un isolement qui devait
hâter sa ruine en différant la leur.
Dans une société où le principe religieux n o n -
seulement domine mais absorbe tous les autres,
toute révolution politique ou sociale doit commen-
Fonds A.R.A.M