qu'elle constate le fait, elle peut servir à en expli–
quer les causes. Ces causes étaient la marche i n –
verse de l'Occident et de l'Orient, le moyen âge
finissant ici pour recommencer là-bas, la féodalité
abattue en Europe et renaissant en Asie, l ' immo –
bilité de la Turquie en présence des changements
et des bouleversements à travers lesquels les Etats
de la chrétienté tendaient à se constituer définitive–
ment. Il y a cent cinquante ans la France était en
possession de l'unité monarchique, ébauchée par
Louis XI et consommée par Richelieu; l'Angle–
terre venait de naître à la vie constitutionnelle ; les
républiques italiennes n'étaient p l u s ; les Etats de
l'Allemagne s'absorbaient peu à peu dans la maison
d'Autriche ; le génie de Pierre le Grand lançait la
Russie dans la voie de progrès et d'agrandissement
matériels où elle n'a pas cessé de marcher depuis
lors ; l'Espagne seule, où couvait le génie de
l'Orient, était en décadence, comme la Tu r qu i e ,
Tandis que les nations de l'Occident, ayant reçu
diversement l'empreinte de l'esprit moderne, ache–
vaient avec plus ou moins de vitesse de se transfor–
mer, celle-ci continuait à subsister dans les condi–
tions premières de son origine. Après deux siècles
et demi elle était encore ce qu'elle avait été au
moment de la conquête, une armée, non un p e u –
ple; elle ne succombait pas seulement sous sa pro–
pre inertie, elle s'affaiblissait en proportion des for–
ces acquises par les Etats qui l'avoisinaient.
Fonds A.R.A.M