cloué sur sa poitrine, attestaient qu'un reste d'auto–
rité veillait derrière l'enceinte du vieux séraï. Mais
ces terribles exécutions mêmes, frappées dans l'om–
bre, manifestaient la faiblesse du pouvoir, et après
un court intervalle rempli par la stupeur, les choses
ne tardaient pas à reprendre leur cours. Ajoutons
comme trait caractéristique de ces temps d'anarchie
où le pouvoir était partout et nulle part, partout
pour faire triompher l'abus, nulle part pour mainte–
nir le droit, que les tribus arabes de Bagdad et de la
Syrie, loin d'acquitter les sommes qu'elles devaient
au trésor, faisaient de continuelles irruptions dans
ces provinces, et ne les quittaient qu'après avoir ran–
çonné les gouverneurs.
Au reste, les Turcs avouent eux-mêmes la fai–
blesse, l'impuissance absolue de l'administration
impériale à l'époque dont je parle : ils la font mê–
me remonter beaucoup plus loin. « Il y a mainte–
nant cent cinquante ans, dit un document officiel
publié récemment à Constantinople, que quelques
gouverneurs généraux, aidés d'un certain nombre
d'individus désignés sous le nom de
dere-beys,
usant
de prépotence et de tyrannie envers les habitants
du pays, disposaient des biens de ceux-ci et ensan–
glantaient les provinces de l'empire, sans que l'au–
torité souveraine, témoin de tant d ' a ud a c e , pût
réprimer ces désordres. » L'époque précise à l a –
quelle les Turcs font remonter la décadence de leur
empire est à remarquer, parce qu'en même temps
Fonds A.R.A.M