Oghlou, aux portes mêmes d e S m y r n e ; Kutchuk
Ali, en Cilicie ; les beys de la Mésopotamie, les
pachas électifs de Bagdad , les Mamelouks de
l'Egypte. Ces
princes des vallées,
comme leur nom
l'indique, dont le nombre avait crû avec l'audace, à
mesure que le pouvoir central perdait de sa force,
possédaient en propre près des trois quarts du terri–
toire de l'empire, en sorte que l'autorité des sultans,
comme autrefois celle des Césars de Byzance, était
presque renfermée dans l'enceinte de Constantino-
ple. Le Kurdistan et le Diarbekir seuls en comptaient
plusieurs milliers, dont quelques-uns pouvaient
mettre jusqu'à 5 0 , 0 0 0 hommes sur pied, en appe –
lant sous leurs drapeaux les hordes nomades des
montagnes et des plaines voisines. Aujourd'hui e n –
core, le voyageur qui traverse l'Asie Mineure r en –
contre ça et là, à l'entrée et à la sortie des vallées,
ou entre les défilés des montagnes, de ces châteaux
dont les noms turcs de Kara-Hiçar, de Biledjik, de
Lefkè, rappellent les anciennes dénominations et
l'origine byzantines. A l'abri derrière leurs murail–
les, comme les petits tyrans de l'ancienne Grèce et
la plupart de nos seigneurs féodaux du moyen âge,
ils bravaient les firmans de la Porte et pesaient sur
les populations, turques ou raïas, de tout le poids
d'une oppression sûre de l'impunité. De loin en loin,
il est vrai, un pacha rebelle,qui tombait mort au sor–
tir d'un repas, ou un derè-bey, que l'on trouvait un
matin percé d'un poignard avec le fetva du mufti
Fonds A.R.A.M