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l'ordre politique de l'Europe, aurait encore trans–
formé la civilisation tout entière, expulsée pied à
pied de tous les pays où elle avait débordé, affaissée
sur elle-même comme un corps d'où la vie semblait
s'être retirée, achevait de mourir dans l'ombre que
l'approche de la Russie projetait sur elle. Cette unité
militaire et religieuse, la plus forte, peu t - ê t r e , qui
ait jamais existé, et qui avait été à la veille de s'as–
similer le monde, s'était dissoute par l'effet du temps
et l'amortissement graduel de la force d'expansion
que l'islamisme avait eue à sa naissance. Des symp–
tômes de décomposition éclataient de toutes parts.
Ce n'étaient pas seulement les fruits de la conquête,
des provinces, jadis des royaumes, qui se détachaient
de l'empire pour retourner à leurs anciens maîtres
ou à leur indépendance primitive ; c'étaient les p r o –
pres domaines de la race d'Osman, les belles et r i –
ches contrées de l'Ànatolie qui échappaient de jour
en jour aux mains débiles de ses successeurs, pour
devenir la proie des
dere-beys
et des pachas révoltés :
Tirsemikli-Oghlou, le précurseur du grand-vizir
Bayraktar, à Silistré ; Pazvan-Oghlou, dans le reste
de la Bulgarie ; lesDayis, en Serbie ; Kalyondji, que
deux expéditions purent à peine détruire, dans le
Khoudavendguiar ; Tchapan -Ogh l ou , nommé com-
plaisamment par quelques voyageurs, prince du
Yozghat, dans toute l'Asie Mineure centrale, depuis
Kianguiré, Angora et Amasia jusqu'en Caramanie et
aux bords de la Méditerranée; les Kara-Osman
Fonds A.R.A.M