LES FAITS
tement vide d'Arméniens. Ce n'est qu'une triste conso–
lation que la Turquie, par l'assassinat de ses meilleurs
sujets, se soit ruinée elle-même. Les Turcs eux-mêmes
voient venir avec joie Je jour où une puissance étran–
gère prendra les rênes entre ses mains et fera justice.
Les méfaits commis ne sont nullement approuvés par le
peuple turc, mais bien par les Turcs soi-disant cultivés.
CHABIN-KARAHISSAR,
Le seul endroit du vilayet de Sivas où i l y ait eu une
résistance de la part de la population arménienne, ce fut
Chabin-Karahissar. Cette localité est située au nord de
la route d'Erzingian à Sivas, sur les pentes de la chaîne
des montages pontiques qui séparent le vilayet de Tré–
bizonde de ceux d'Erzéroum et de Sivas. Les habitants
de Chabin Karahissar étaient tenus pour braves. Tous
les villages des environs de Chabin-Karahissar avaient
été désarmés au milieu du mois d'avril. Le village de
Pourk, au sud-ouest de Chabin-Karahissar, avait été déjà
détruit et ses habitants massacrés. Dans la première
moitié de juin, le gouvernement commença à faire aussi
des arrestations à Chabin-Karahissar. Les nouvelles
des boucheries de la vallée de Kômagh, et du sort des
déportés qui avaient passé par Erzingian, étaient par–
venues jusqu'à Chabin-Karahissar. Lorsque le gouver–
nement voulut pendre les Daschnakzagans déjà ar–
rêtés et que la déportation fut ordonnée, la population
arménienne de Chabin-Karahissar fit une démonstra–
tion pour protester contre le sort qui la menaçait. Là-
dessus, la ville fut cernée par des soldats turcs venus
d'Erzingian. Quelques centaines d'Arméniens s'enfuirent
sur les rochers escarpés de la citadelle, sur laquelle se
Fonds A.R.A.M