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RAPPORT DU D
r
LEPSIUS
trouve un ancien château de l'époque byzantine, et s'y
barricadèrent, jusqu'à ce que, le 3 juillet, le château fut
exposé au feu des canons turcs. Les défenseurs furent
tués. Quelques-uns s'enfuirent dans les montagnes. En–
suite tous les hommes de la ville, de 18 à 55 ans, furent
emmenés, sous prétexte de levée militaire ; et le reste
de la population, femmes et enfants, fut déporté de la
même façon que dans tout le vilayet. Dans les environs
aussi, tous les villages chrétiens — parmi lesquels dix
villages grecs —furent réduits en cendres, et les habi–
tants en partie massacrés et en partie déportés.
ZILEH.
Sur Zileh, au sud d'Amasia, on raconte l'épisode sui–
vant :
Un soldat arménien, qui avait été blessé et qui re–
venait du front dans son pays, Zileh, racontait qu'il
avait vu de ses yeux les Turcs ferrer l'évêque de Sivas,
comme un cheval, avant de l'envoyer en exil. Le vali
aurait en plaisantant donné le motif de cette torture, en
disant qu'on ne pouvait vraiment pas laisser un évêque
aller nu-pieds (1).
Quand ce soldat arménien vint dans son pays à Zileh,
les autorités étaient en train de déporter les Arméniens.
Les hommes furent liés ensemble, conduits en groupes
sur les montagnes en face de la ville, et tués là. On
laissa les femmes et les enfants camper plusieurs jours
sans nourriture en pleins champs, jusqu'à ce qu'ils se
{{)
Cette histoire a été racontée du côté turc, mais en sens
inverse : la torture aurait été infligée par les Arméniens à
un caïmacam turc. Le trait d'esprit cynique du vali nous
garantit que la version ci-dessus est la vraie.
Fonds A.R.A.M