LES FAITS
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Le 3 ou le 4 juillet, un ordre fut donné pour que les
femmes et les enfants se tinssent prêts à partir le mer–
credi suivant 7 juillet. On communiqua aux gens que
le gouvernement mettrait à la disposition de chaque
famille un char à bœufs, et qu'ils pourraient emporter
avec eux des vivres pour un jour, quelques piastres
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piastre vaut 15 pfennigs), et un petit paquet de vête–
ments. Les gens se préparaient à exécuter ces ordres,
en vendant dans les rues leurs mobiliers autant qu'ils
le pouvaient. On vendait les objets à moins de 10 °/
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do
leur prix ordinaire ; elles Turcs des villages voisins rem–
plissaient les rues, attirés par le désir de faire de bonnes
affaires. En quelques endroits, les Turcs s'emparèrent
de force de quelques objets, mais le gouvernement pu–
nissait de pareils cas, quand i l les découvrait.
Le 5 juillet, avant que l'ordre d'expulser les femmes
fût exécuté, l'un des missionnaires alla protester auprès
du gouvernement, au nom de l'humanité, contre l'exé–
cution d'un tel ordre.
On lui répondit que l'ordre n'é–
manait pas des autorités locales, mais qu'on avait reçu
de plus haut l'ordre de ne laisser aucun
Arménien
dans la ville.
Le commandant promit cependant de
différer jusqu'au dernier moment de toucher au collège
et permit à tous ceux qui étaient en relations avec les
établissements américains de se rendre dans les dé–
pendances du collège. Ceux-ci le firent, et ainsi 300 Ar–
méniens furent logés dans les bâtiments du collège.
La population devait se tenir prête à partir le mer–
credi ; mais déjà le mardi à 3 heures et demie du matin,
les chars à bœufs parurent devant les maisons du pre–
mier district, et on commanda aux gens de partir
aussitôt. Quelques-uns furent même tirés de leurs lits
sans être habillés suffisamment. Toute la matinée, les
Fonds A.R.A.M