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RAPPORT DU D
r
LEPSIUS
voir obtenir la libération durable de tous les employés
du collège, si l'on payait 300 autres livres turques.
L'argent fut promis ; mais après des pourparlers qui
prouvaient qu'une assurance définitive ne serait pas
obtenue, on laissa tomber l'affaire.
La directrice du collège américain s'était mise entre
temps en relation avec l'ambassadeur des Etats-Unis,
Celui-ci essaya d'employer son influence auprès de Ta-
laat bey, Ministre de l'Intérieur, pour qu'au moins les
familles des professeurs arméniens du collège et en–
viron cent jeunes filles, leurs élèves, que l'on avait gar–
dées au collège pour les soustraire à la déportation et
aux infamies qu'elle comporte avec elle, pussent rester
à Mersivan sous la protection des autorités turques-
Talaat bey assura que cette demande serait accordée,
et déelara à l'ambassadeur qu'il avait télégraphié à Mer–
sivan que tous ceux qui se trouvaient sous la protec–
tion des Américains devaient être épargnés, Malgré cela,
les familles des professeurs arméniens et les cent élèves
des Américains fureut elles-mêmes déportées en der–
nier lieu.
Après que quelques groupes d'Arméniens eurent été
déportés, des crieurs publics parcoururent les rues
de la ville pour annoncer que tous les Arméniens de
sexe mâle, entre 15 et 70 ans, auraient à se présenter
aux casernes. La proclamation disait en outre que le
refus de soumission entraînerait la mort des récalci–
trants et l'incendie de leurs maisons. Les prêtres armé–
niens allèrent de maison en maison et conseillèrent aux
gens de se conformer aux ordres des autorités. Ceux qui
se présentèrent furent déportés en divers groupes, et la
conséquence fut que, au bout de quelques jours, tous
les hommes arméniens eurent été éloignés de la ville.
Fonds A.R.A.M