LES FAITS
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canicien du collège américain avait fabriqué une boule
de fer pour les jeux gymnastiques. On le battit terrible–
ment pour lui faire déclarer qu'on fabriquait des bombes
au collège. On découvrit dans un cimetière arménien
quelques bombes, ce qui excita extrêmement la fureur
des Turcs ; mais on aurait dû dire aussi que ces bombes
y avaient été enterrées au temps d'Abd-ul-Hamid,
Le samedi 26 juin, vers une heure de l'après-midi,
des gendarmes parcouraient la ville et rassemblaient
tous les Arméniens qu'ils pouvaient trouver, jeunes ou
vieux, pauvres ou riches, infirmes ou bien portants.
Dans quelques cas, on pénétra dans les maisons, et on
tira les malades de leur l i t . Ils furent enfermés dans les
casernes et déportés les jours suivants par groupes de
30
à 150. Ils devaient aller à pied. Beaucoup furent
privés de leurs chaussures et de leurs vêtements.
Quelques-uns furent ligotés. Le premier groupe attei–
gnit Amasia et envoya de ses nouvelles de différentes
localités (On dit que ce fut là une mesure du gouver–
nement pour tromper ceux qui devaient suivre). De
ceux qui partirent après eux on n'eut jamais de nou–
velles. Parmi les différents bruits qui couraient, celui
qui passait généralement pour vrai, c'était qu'ils avaient
été tués. Un bouvier grec raconta qu'il avait vu le tertre
sous lequel ils avaient été ensevelis. Un autre individu,
qui était en rapports avec le gouvernement, convint que
les hommes avaient été tués,
Par le moyen d'un Turc, le collège réussit à faire
revenir en toute liberté ceux des professeurs qui avaient
été emmenés, et à obtenir un non-lieu en faveur de
tous ses professeurs et de ses employés. On paya dans
ce but une somme de 275 livres turques (5000 marks).
Le même employé déclara plus tard qu'il croyait pou-
Fonds A.R.A.M