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RAPPORT DU D
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LEPSIUS
sources de la famille furent employées à fournir du né–
cessaire les soldats partants. Comme la population de la
ville était à moitié arménienne, un nombre considérable
d'Arméniens, exemptés du service, restèrent en ville.
La population comptait avant la déportation environ
22.000
habitants, dont 12.000 environ étaient Arméniens.
Le rapport d'un missionnaire américain du collège
de Mersivan disait :
«
Les mesures du gouvernement contre la popula–
tion arménienne, mesures nullement motivées, com–
mencèrent au début de mai par l'arrestation, au milieu
de la nuit, et la déportation d'une vingtaine de diri–
geants du parti constitutionnel arménien. En juin, le
gouvernement se mit à chercher des armes. Quelques
Arméniens furent arrêtés, et on leur arracha, au milieu
des tortures, l'aveu qu'une grande quantité d'armes se
trouvait aux mains des Arméniens. Une seconde per–
quisition commença. On fit souvent usage de baston–
nade, comme aussi de torture par le feu, En certains
cas, on leur aurait arraché les yeux. On livra beaucoup
de fusils, mais pas tous ; les gens craignaient, s'ils l i –
vraient toutes leurs armes, d'être massacrés comme en
1895.
Ces armes avaient été, après la proclamation de la
Constitution, introduites avec l'autorisation du gouver–
nement, et ne servaient qu'à la défense personnelle. La
torture fut de plus en plus employée, et, sous son in–
fluence, prirent uaissance les prétendus faits qui furent
ensuite colportés. Les souffrances corporelles et la ten–
sion des nerfs arrachèrent aux patients des déclarations
qui n'étaient nullement fondées. Ceux qui appliquaient
la torture devaient dire d'avance aux patients quels
renseignements ils attendaient d'eux, et les battaient
jusqu'à ce qu'ils obtinssent ce qu'ils voulaient, Le mé-
Fonds A.R.A.M