RAPPORT DU D
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LEPSIUS
après, la police d'Erzéroum publia une lettre falsifiée
dans laquelle i l était dit que le parti des Daschnakza-
gans avait décidé d'assassiner le vali Tashin bey, La
fraude fut découverte, de sorte que la police en fut cou–
verte de confusion et de honte.
Lorsqu'au mois de mai, la population turque d'Erzé–
roum eut connaissance de l'ordre, venu de Constanti-
nople, de la déportation générale de la population ar–
ménienne, elle adressa
une requête au gouvernement,
pour demander instamment que, dans lè vilayet d'Erzé–
roum, on n'appliquât pas la règle générale, parce que
dans le cas d'une conquête de la région par les Russes,
l'on serait puni pour les crimes commis contre les Ar–
méniens.
Au milieu de mai commencèrent les déportations
des villages de la plaine d'Erzéroum et de la région de
Terdjan et Mamakhatoun. Dans les villages évacués,
on établit des paysans mahométans qui s'étaient enfuis
des régions occupées parles Russes. Pour rendre d'a–
vance impossible toute résistance à la déportation, on
avait recruté pour l'armée 15.000 hommes dans la r é –
gion d'Erzéroum. Dans les localités importantes, telles
que Baïbourt, Erzingiah, Khinis, Kéri, etc., on avait,
avant de commencer la déportation, arrêté les notables
pour les diriger sur Erzeroum. Les jeunes-turcs s'é–
taient rassemblés à Erzeroum pour organiser l'affaire.
Au 15 mai, tous les villages épars dans la plaine d'Er–
zéroum avaient déjà été évacués et occupés par des
habitants musulmans. A Erzeroum même, on arrêta
d'abord 600 notables qui furent déportés. Tous les
Itihadistes (membres du Comité Union et Progrès) s'é–
taient assemblés à Erzeroum, et dirigeaient de là les
événements dans la province. Le vali Tahsin bey, qui
Fonds A.R.A.M