LES FAITS
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Dans son désespoir, l'Aratchnort résolut d'aller, avec
quelques prêtres, trouver les ulémas et les beys mu–
sulmans, pour implorer leur secours. Ceux-ci avaient
compassion des Arméniens, mais ils craignaient le caï–
macan. Un clieik ecclésiastique leur conseilla de prendre
patience jusqu'à ce que les choses changent.
Le caïmacan cita devant lui les gendarmes, qui
avouèrent qu'ils avaient pris 300 1.1., et n'en avaient
consigné que 180. Ils furent contraints dé rendre l'ar–
gent. Ils restèrent malgré cela en charge et continuèrent
leurs infamies. Toutes les promesses du caïmacan de
punir les gendarmes restèrent vaines,
Cela se passait en mars de cette même année,
Il est nécessaire de décrire de tels faits en détail,
pour qu'on puisse se faire une idée de ce qui se passait
dans les villages.
Depuis la proclamation de la Constitution jusqu'à ces
derniers temps les chefs jeunes-turcs étaient devenus
un seul cœur et une seule âme avec les chefs des Dasch-
nakzagans. Les Daschnakzagans avaient, par leur orga–
nisation, appuyé les jeunes-turcs dans toutes les élec–
tions, et des rapports amicaux existaient entre les Clubs
des deux partis. Dès que le Comité central de Constan-
tinople eut décidé les mesures générales contre les Ar–
méniens, les chefs jeunes-turcs mirent à profit leur
connaissance de l'organisation du parti arménien, au–
quel ils s'étaient alliés autrefois pour faire arrêter tous
les Daschnakzagans. Déjà au
avril, la plupart des
Daschnakzagans se trouvaient sous les verrous, Bien–
tôt les premiers bruits des événements de Van arri–
vèrent à Erzéroum. Les chefs arméniens furent déportés
vers des régions inconnues. A la fin d'avril, 25 arméniens
ligotés furent amenés d'Erzingiaa à Erzéroum, Bientôt
Fonds A.R.A.M