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RAPPORT D U D
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LEPSIUS
allèrent alors au village de Mollah, interrompirent la
messe — c'était la fête de Pâques — et soumirent le
prêtre à la torture dans l'église même, Les femmes et
les jeunes filles s'enfuyaient sur les montagnes par
crainte des gendarmes, Dans le village de Medz Aka-
ragh, ils exigèrent 92 1. t., et torturèrent les habitants.
Dans le village de Mahmoud Bôkri, les gendarmes de–
mandèrent d'abord de l'argent, et après avoir obtenu ce
qu'ils demandaient, ils arrêtèrent trois paysans et les
conduisirent dans une maison où se trouvaient Suléï-
man, cité plus haut, et Oteldji Hafiz, Djélal Oglou et
Chakir. Ces quatre bastonnèrent les paysans jusqu'à
ce qu'ils perdissent connaissance, On les ramenait à
eux-mêmes en leur versant de l'eau froide, et on con–
tinuait à les battre. Puis on les enferma dans les lieux
d'aisance. On les ramena plus tard pour les torturor de
nouveau. A l'un, on arracha deux doigts : on voulait
qu'il indiquât l'endroit où sont cachées des armes, et
livrât la liste des Daschnakzagans. Comme ils n'obte–
naient aucun résultat, les gendarmes commencèrent à
violer les femmes.
On dénonça ces faits au caïmacan, Mais lorsque l'A-
ratchnort fit de nouvelles démarches auprès de lui à
cause d'une femme qu'on avait battue jusqu'à la faire
mourir et exigea que le caïmacan se rendît compte l u i -
même des faits, celui-ci se fâcha et ne voulut plus rien
entendre. L'Aratchnort voulait qu'il rendît compte des
faits en haut lieu. Le caïmacan s'écria : « Le gouverne–
ment ici, c'est moi!
n
—
L'Aratchnort: « Vous faites
une différence entre les chrétiens et les Musulmans ». —
Le caïmacan : « Jo te fais sur l'heure ligoter pour t'en-
voyer à Erzéroum I » Le caïmacan le laissa finalement
aller et promit de punir les gendarmes,
Fonds A.R.A.M