LES FAITS
49
vos mains. Désormais, vous n'aurez pas à vous occuper
du commerce. Et vous, qu'avez-vous à faire ici ?» — L'A-
ratchnort (le métropolite) : « Je suis l'Aratchnort, et j'ai
le droit de parler au nom de ces gens. — Le caïmacan :
Je ne connais ni l'Aratchnort ni ses droits, Dans les af–
faires qui ne sont pas religieuses, je ne te reconnais
pas »,
Dans les autres villages, les gendarmes agirent de
même. D'abord ils demandaient de l'argent ; ensuite,
c'était le tour des perquisitions. Dans le village de Mer-
vatzik, le lieutenant de gendarmerie Suleïman travailla
de concert avecle mudir du village, Adil effendi. Comme
ils ne trouvaient point d'armes, ils soumirentles paysans
à la torture et les obligèrent à en acheter à leurs voi–
sins turcs. Ils furent enfin conduits en prison à Erze–
roum.
De ce village, les officiers turcs s'en allèrent à Arkan,
prirent par force 60 1. t., pillèrent le village, arra–
chèrent aux femmes leurs pendants d'oreilles et leurs
bracelets, et battirent tous ceux qui refusaient de les
satisfaire. Un gendarme s'asseyait sur les pieds, un
autre sur la tête du patient, et la bastonnade commen–
çait. Elle ne comptait jamais moins de 200 coups. Les
femmes perdaient connaissance sous la torture. Comme
i l ne trouvait pas d'armes, le sous-lieutenant Suleï–
man cria aux gens : « Jusqu'ici vous aviez le droit d'a–
voir des armes. C'est fini désormais ! J'ai un iradé entre
les mains, et je puis exiger de vous des armes par tous
les moyens qui me plairont ». Là-dessus, les gendarmes
firent amener des paysans du village voisin, Mollah,
les battirent, leur barbouillèrent le visage avec des ex–
créments et les jetèrent dans le ruisseau. Une femme
mourut des mauvais traitements du mudir Adil. Ils
Fonds A.R.A.M