LES FAITS
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cadavre avait été emporté par le fleuve vers la mer.
«
Le mardi 6 juillet, toutes les maisons
arméniennes
de Trébizonde, environ mille, étaient vidées, et leurs
habitants déportés. Il ne fut pas établi qu'il y ait eu
jamais personne qui ait commis la faute de participer
à
un mouvement dirigé contre le gouvernement. Si
quelqu'un était Arménien, cela suffisait pour qu'il
fût traité en criminel et déporté.
Au début, on. a dit
que les malades seraient exceptés de la mesure gé–
nérale : ils furent portés à l'hôpital de la ville pour y
rester jusqu'à ce qu'ils fussent assez bien. Plus tard, les
hommes âgés et les vieilles femmes, les femmes en–
ceintes et les enfants, les employés de l'administration
gouvernementale, ainsi que les Arméniens catholiques,
furent exceptés, Mais finalement, i l fut décidé que
même les vieillards, hommes et femmes, ainsi que les
catholiques, devraient s'en aller, et ils durent rejoindre
le dernier convoi. Un certain nombre d'embarcations
légères furent, l'une après l'autre, chargées de ces gens
et envoyées vers Samsoun. L'opinion générale est
qu'on les a noyés, Pendant les premiers jours de la
déportation générale, une grande barque (kayik) fut
remplie d'hommes (1 ), que l'on tenait pour être membres
du Comité arménien, et envoyée vers Samsoun. Deux
jours plus tard, rentra, par terre, à Trébizonde, un sujet
russe assez connu, du nom de Wartan, qui était parti
avec cette barque. I l avait une blessure à la tête et était
tellement troublé qu'il ne pouvait se faire comprendre,
Tout ce qu'il savait dire était : « Boum 1 Boum 1 » 11 fut
arrêté par les autorités et porté à l'hôpital où i l mou–
rut le lendemain. Un Turc racontait que cette barque-là
(1)
D'après une autre source, i l y avait là 26 hommes.
Fonds A.R.A.M