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RAPPORT DU D
R
LEPSIUS
en avait rencontré, non loin de Trébizonde, une autre,
occupée par des gendarmes qui avaient mission de tuer
tous ces hommes et de les jeter par-dessus bord, Ils
croyaient les avoir tous tués, mais ce Russe, qui était
grand et fort, avait été seulement blessé, et avait, sans
être observé, nagé jusqu'à la côte. Un certain nombre
de ces barques (kayik) chargées d'hommes quittèrent
Trébizonde ; elles revenaient le plus souvent vides
quelques heures après.
«
Toz, village à deux heures environ de Trébizonde, est
habité par des Arméniens grégoriens et catholiques, et
par des Turcs. Un riche Arménien, très influent, Bo-
ghos Maximian, y fut tué avec ses deux fils, comme le
rapporte un témoin sûr. Ils furent placés l'un derrièie
l'autre et ainsi fusillés. Quinze hommes et femmes
furent conduits dans une vallée peu éloignée du vil–
lage ; les femmes furent d'abord violées par les offi–
ciers de gendarmerie, et laissées ensuite à la disposi–
tion des gendarmes. Selon ce témoin oculaire, on tua
un enfant en lui brisant le crâne contre des rochers,
«
Même le projet de sauver les enfants dut être aban–
donné. On les avait placés à Trébizonde, dans des écoles
et des orphelinats, sous la direction d'un Comité orga–
nisé et soutenu par l'archevêque grec, et dont le prési–
dent était le vali, le vice-président l'archevêque, avec
trois membres chrétiens et trois mahométans. Mais
maintenant les jeunes filles sont données exclusive–
ment aux familles mahométanes, et ainsi séparées les
unes des autres, La fermeture des orphelinats et le
partage des enfants entre les familles mahométanes
fut une grande déception pour l'archevêque grec qui
avait travaillé dans ce but avec tant de zèle, et qui
s'était assuré de l'appui du vali, Mais le chef du s Co-
Fonds A.R.A.M