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RAPPORT DU D
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LEPSIUS
méniens, depuis le 25 juin, date de la. proclamation,
de rien vendre, défendu, également
à
tout individu,
sous peine, de rien acheter d'eux.
Gomment devaient-
ils donc se procurer le nécessaire pour le voyage ?
Depuis six ou huit mois, toute transaction commerciale
était arrêtée à Trébizonde, et les gens avaient épuisé
toutes leurs économies. Pourquoi a-t-on voulu les em–
pêcher de vendre des tapis ou quelque autre chose pour
se procurer l'argent nécessaire au voyage ? Beaucoup
de gens qui avaient des propriétés, qu'ils auraient
pu vendre s'ils en avaient eu la permission, durent al–
ler à pied, sans moyens, et pourvus seulement de ce
qu'ils ont pu ramasser en toute hâte dans leurs maisons
et qu'ils pouvaient porter sur leur dos. Lorsque, par
épuisement, ils devaient rester en arrière, ils étaient
percés de baïonnettes et jetés dans le fleuve. Leurs
cadavres ont été portés par les eaux dans la mer en
face de Trébizonde, ou bien ils sont restés dans les en–
droits peu profonds, durant 10 à 12 jours, sur les ro–
chers où ils pourrissaient, remplissant d'horreur les
voyageurs qui étaient obligés de prendre ce chemin.
J'ai parlé avec des témoins oculaires, qui affirmaient
avoir vu beaucoup de cadavres nus flotter sur le fleuve,
comme des troncs d'arbres, 15 jours après les événe–
ments, et que l'odeur en était effrayante,
«
Le 17 juillet, comme je voyageais à cheval avec le
consul d'Allemagne, nous rencontrâmes trois Turcs qu
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creusaient dans le sable une tombe pour un cadavre nu
que nous voyions tout près de là dan3 le fleuve. Le ca–
davre paraissait avoir séjourné 10 jours et plus dans
l'eau. Les Turcs disaient qu'ils venaient d'entener plus
haut, le long du fleuve, quatre autres cadavres. Un autre
Turc nous dit que, peu avant notre passage, un autre
Fonds A.R.A.M