LES FAITS
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par l'assassinat des Arméniens recrutés pour l'Armée.
Sous prétexte de conscription, tous les habitants
mâles de 16 à 70 ans, qui restaient encore dans de nom–
breuses villes et villages, furent emmenés sans qu'on
s'occupât de savoir s'ils avaient déjà payé leur rançon
légale ou s'ils étaient inaptes au service. Les colonnes
d'évacués furent conduites sur les montagnes et fusil–
lées, sans aucun procédé judiciaire préliminaire, que
ni le temps ni les circonstances ne permettaient.
Les mesures n'ont pas été partout mises à exécution
d'une façon semblable ; elles étaient en partie laissées
au choix des autorités locales qui devaient veiller à ce
que la déportation générale eût lieu sans embarras,
sans danger, et sans qu'on eût à craindre de résistance.
C'est dans cette intention aussi qu'eut lieu, presque
partout et longtemps auparavant, le désarmement de
la population arménienne. Comme l'insécurité générale
dans l'Intérieur de la Turquie exige que tout homme
soit armé pour sa défense personnelle, et porte des
armes en voyageant à travers le pays, la possession et
le port des armes sont permis en temps de paix. Avec
l'agrément du Comité Jeune-Turc, l'organisation cons–
titutionnelle du peuple arménien, le parti des Dasch-
nakzagans, avait été pourvu d'armes à différentes re–
prises, en des temps où menaçait la réaction, pour qu'il
pût soutenir à main armée la cause de ses amis Jeunes-
Turcs, au cas où une tentative de renversement du
pouvoir se produirait ainsi qu'il advint deux fois, en 1909
et 1912. lorsque les Vieux Turcs et le parti de l'opposi–
tion libérale réussirent à prendre le pouvoir. Seulement
en des cas isolés, dont on parlera plus bas, les Armé–
niens refusèrent de livrer leurs armes, parce qu'ils
avaient des raisons de craindre un massacre. Ainsi à
Fonds A.R.A.M