RAPPOIVT DU D
R
LEPSIUS
poètes, juristes, avocats, notaires, fonctionnaires, mé–
decins, commerçants, banquiers, et tous les éléments
particulièrement aisés et influents, furent exécutées
sans
qu'aucun
procédé
judiciaire régulier ait précédé
ou suivi.
Jamais en aucun cas on n'a fait valoir contre
eux l'accusation d'avoir pris part à quelque acte que
ce soit contraire à l'Etat, ou de l'avoir projeté.
On vou–
lait trancher la tête au peuple arménien avant d'en
fracasser les membres.
Nous parlerons ailleurs de l'ori–
gine de ces mesures et des motifs qui décidèrent les
cardes gouvernementaux. Les ordres aux magistrats
vinrent de Gonstantinople, et malgré la résistance
qu'opposèrent quelques fonctionnaires du gouverne–
ment et même, çà et là, la population turque elle-même,
ils furent exécutés rigoureusement et inexorablement.
La seconde étape, précédant la déportation géné–
rale, concerne la partie mâle de la population, qui avait
été déjà recrutée pour l'armée, ou qui le fut durant le
cours des événements. Les Arméniens qui étaient aux
armées, et qui s'étaient, selon le témoignage du Mi–
nistre de la Guerre, vaillamment battus non seulement
aux Dardanelles, mais aussi sur le front du Caucase
contre la Russie, furent en grande majorité désarmés,
et employés pour le service de l'armée, comme
porte–
faix
et
pour la réparation
des
routes.
De presque
toutes les provinces on a reçu des nouvelles d'après les–
quelles, non seulement les ouvriers arméniens ont été,
dans des cas isolés, tués par leurs camarades de reli–
gion mahométane, mais des
détachements entiers ont
été,
en groupes
de 80,100 ou plus, fusillés par les sol–
dats et la gendarmerie, au commandement de leurs
officiers.
On ne saura peut-être jamais, et en tout cas
pas avant la
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n
de la guerre, les proportions prises
Fonds A.R.A.M