RAPPORT DU D
R
LEPSIUS
connu dans tout le pays, et le chef de l'Institut médical
de la Mission à Aïntab, qui vit depuis des dizaines d'an–
nées en Turquie et est également estimé des mahomé-
tans et des chrétiens, a donné, sur le sort d'Aïntab,
les nouvelles suivantes qui sont extraites de son
rapport :
«
A Aïntab, l'ordre de déportation fut donné le 21 juil–
let pour 60 familles. Quelques jours plus tard vint un
second ordre pour 70 familles. Dans la suite furent
déportées 1500 et plus tard 1000 autres personnes, de
sorte que la population arménienne est complètement
évacuée. Tous les efforts pour exclure de ces mesures
les établissements américains (les familles de leurs pro–
fesseurs arméniens, leurs employés et les élèves de
l'un et de l'autre sexe) sont restés sans résultat. I l était
défendu aux déportés d'emmener avec eux même les
choses les plus nécessaires, si ce n'est une bête de
somme,
«
De faibles tentatives de résistance eurent lieu seule–
ment près de Marach, à la suite du meurtre d'un gen–
darme envoyé à Fendendjak (village arménien sur les
montagnes de l'Amanus) pour y procéder à l'expulsion.
Le gouvernement envoya aussitôt trois détachements
de soldats qui réduisirent le village en cendres.
«
En Cilicie, la déportation s'accomplit dans des con–
ditions relativement plus favorables. I l est sans doute
vrai que tous les exilés ont été pillés par des brigands,
mais le vol et les assassinats ne prirent pas d'aussi
grandes proportions que dans les provinces de la Haute
Arménie.
«
La plus grande partie des déportés de Cilicie se
trouvent à Deir-ez-Zor, où sont arrivés déjà 15.000 A r –
méniens. Les déserts brûlés de sécheresse qui s'é-
Fonds A.R.A.M