LES FAITS
17
son temps à faire sortir les pièces d'or : i l prit un moyen
plus rapide : i l leur arracha toute leur chevelure.
«
J'ai encore vu de mes propres yeux un autre cas bien
caractéristique. Un citoyen de Zeïtoun, autrefois très
riche, conduisait deux chèvres, débris de sa fortune.
Survint un gendarme qui saisit les deux bêtes. L'Ar–
ménien le supplia de les lui laisser, ajoutant qu'il n'a–
vait plus de quoi vivre.-Pour toute réponse, le Turc le
roua de coups jusqu'à ce qu'il roulât dans la poussière
et que la poussière fût transformée en boue sanglante.
Alors i l donna encore un coup de pied à l'Arménien et
s'en alla avec les deux chèvres. Deux autres Turcs re–
gardaient cela, sans le "moindre signe d'étonnement.
Aucun n'eut l'idée d'intervenir ».
Sur le sort des exilés à Karabounar, i l écrit en date
du 14 mai :
«
Une lettre que j'ai reçue de Karabounar, et dont la
véracité ne peut être mise en doute, parce que l'auteur
m'en est connu, assure que les six à huit mille Armé–
niens de Zeïtoun, exilés à Karabounar —un des endroits
les plus insalubres du vilayet — y meurent à raison de
150
à 200 par jour. La malaria fait des ravages parmi
eux, parce qu'ils manquent complètement de nourri–
ture et d'abri. Quelle cruelle ironie, quand le gouver–
nement prétend les y avoir envoyés pour y fonder une
colonie ; ils n'ont ni charrue, ni semailles, ni pain, ni
abri, parce qu'ils ont été déportés les mains absolu–
ment vides ».
2.
DEURT-YOL.
La déportation de Zeïtoun était déjà en bonne voie
lorsqu'on commença à procéder contre Deurt-Yol
(
Tschok-Merzimen) dans la plaine d'Issus, au golfe
Fonds A.R.A.M