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RAPPORT DU D
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LEPSIUS
apprenant qu'ils ne pourraient plus retourner en ville
et qu'ils seraient emmenés. Ils ne purent même pas
se pourvoir des choses nécessaires pour le voyage. I l
fut permis à quelques-uns de faire venir des voitures ;
la plupart allèrent à pied. Où allaient-ils ? ils ne le sa–
vaient point,
Bientôt eut lieu, en plusieurs fois, la déportation de
toute la population arménienne de Zeïtoun, d'environ
20.000
âmes. La ville a quatre quartiers. Les habitants
furent emmenés l'un après l'autre, les femmes et les en–
fants souvent Séparés des hommes. Six Arméniens seu–
lement devaient rester, un de chaque métier.
La déportation dura des semaines. Dans la seconde
moitié de mai, Zeïtoun était entièrement vide ! Des
habitants de Zeïtoun, 6 à 8.000 furent envoyés dans les
régions marécageuses de Karabounar et Sulëimaniéh,
entre Konia et Erégli, dans le vilayet de Konia; et 15 à
16.000
à Deir-ez-Zor, sur l'Euphrate, dans la steppe de
Mésopotamie. Des caravanes sans fin traversèrent Ma–
rach, Adana et Alep. L'alimentation était insuffisante.
On ne fit rien pour les installer ou même pour les faire
parvenir au but de leur déportation.
Un témoin oculaire qui vit les déportés traverser Ma–
rach décrit dans une lettre du 10 mai ce convoi :
«
Je les ai vus sur la route.,. Un convoi sans fin ac–
compagné de gendarmes qui les poussent en avant à
coups de bâton. A peine vêtus, affaiblis, ils Se traînent
plutôt qu'ils ne marchent. De vieilles femmes s'af–
faissent et se relèvent lorsque le zaptieh s'approche, le
bâton levé, D'autres sont poussées en avant comme des
ânesses. Je vis une jeune femme s'affaisser, le zaptieh
lui donna deux ou trois coups et elle se releva pénible–
ment. Devant elle marchait son mari avec un enfant de
Fonds A.R.A.M