LES FAITS
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ces gens et le mutessarif de Marach, nous avons de–
mandé que Son Excellence Djélal Bey, vali d'Alep, fût
chargé d'examiner les faits. I l connaît toutes les cir–
constances, et nous avons en lui une confiance absolue.
S'il est chargé de l'enquête nous sommes sûrs qu'il
agira en toute justice ».
Le vali Djélal Bey ne fuj; pas chargé de l'enquête,
mais i l fut rappelé parce qu'il ne se conformait pas aux
ordres du gouvernement central au sujet du traitement
des Arméniens.
Zeïtoun fut cerné. A l'aspect des troupes si nom–
breuses, on hissa dans la ville des drapeaux blancs
pour signifier qu'on ne pensait nullement à la résis–
tance. Les réfugiés du couvent se défendirent tout un
jour et tuèrent un grand nombre de soldats — parce
qu'ils étaient bien protégés et qu'ils tiraient bien —
tandis qu'ils n'eurent eux-mêmes qu'un seul blessé. Les
gens de Zeïtoun prièrent expressément le commandant
de ne pas laisser échapper ces réfugiés, pour n'être
pas eux-mêmes exposés à être arrêtés à cause de leurs
méfaits. Les assiégés réussirent cependant à s'enfuir,
parce que la surveillance pendant la nuit était insuffi–
sante. Au matin suivant, vers neuf heures, avant même
que leur fuite fût connue en ville, le commandant fit
appeler 300 notables de la ville pour un entretien dans
le camp. Comme jusqu'alors on avait vécu en bonne in–
telligence avec les autorités, ces hommes s'y rendirent
sans l'ombre d'un soupçon. La plupart vinrent avec
leurs vêtements ordinaires de travail ; quelques-uns
seulement avaient un peu d'argent sur soi et s'étaient
mieux vêtus. Une partie d'entre eux venaient d'auprès
de leurs troupeaux sur les montagnes. Quand ils arri–
vèrent au camp turc, ils ne furent pas peu surpris en
LF.PSIUS
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Fonds A.R.A.M