RAPPORT DU D
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jeunes filles arméniennes, ce qui amena un échange de
coups, auquel participèrent une vingtaine de têtes
chaudes arméniennes, et, des deux côtés, i l y eut
quelques tués. Les Arméniens qui avaient pris part à
cette affaire et parmi lesquels se trouvaient quelques,
déserteurs, s'enfuirent, pour échapper au châtiment,
dans un couvent situé à trois quarts d'heure au nord
de la ville, où ils se barricadèrent.
Au grand ôtonnement et effroi des habitants de Zeï–
toun, une grosse colonne militaire — on parlait de quatre
à six mille soldats — vint, bientôt après, au commen–
cement de mars 1915, d'Alep à Zeïtoun. L'envoi de
forces militaires contre Zeïtoun excita, dans toute la
Cilicie, la plus grande inquiétude.
Le Catholicos arménien de Sis écrit au Patriarcat,
en date du 3/16 mars: « Le Gouvernement a pris des
mesures contre les fuyards de Zeïtoun. Comme ces me–
sures sont en connexion avec une action militaire d'une
importance extraordinaire, qui n'est nullement pro–
portionnée au motif insignifiant, nous craignons qu'il
ne s'agisse d'un coup contre la population loyale de
Zeïtoun.
Nous sommes
sûrs qu'un grand malheur nous
attend. Le Conseil de guerre formé d'officiers est parti,
depuis deux jours, de Marach pour Zeïtoun. Nous
ignorons les détails particuliers, mais nous voyons
clairement que le kaïmakam, d'accord avec le com-
.
mandant de Zeïtoun, et prenant occasion de quelques
désertions, prépare des représailles inouïes contre
les habitants. Ceux-ci se sont adressés à moi et disent
que les villages turcs des alentours mettent à profit la
situation, et, à force do provocations et de mensonges
auprès du commandant, cherchent à influencer le kaï–
makam et les militaires. Comme nous connaissons
Fonds A.R.A.M