XVIII
PRÉFACE
Péra cette honte, que dorénavant l'histoire mon-
dialeva enregistrer, savoir que
l'extermination,
avec une cruauté raffinée, de tout un peuple de
grande valeur culturelle de plus d'un million
et demi d'âmes, coïncida avec l'époque de la
plus grande influence allemande à Constanti-
nople
(1) ».
A bien lire le rapport de Lepsius on ne saurait
guère douter que tels soient aussi ses sentiments
intimes, mais il n'a pas osé les exprimer, mêjne
dans un document secret. Les témoignages de
Niepage et de Stuermer n'ont été connus que pos–
térieurement à son travail, mais il ne saurait
en contester la valeur. En voici un autre qui
nous est parvenu récemment et qui émane d'une
malheureuse jeune fille arménienne délivrée au
printemps 1918par l'avance des soldats anglais
en Palestine.
«
A Erzindjian, nous étions sur le bord de la
route quand passa un officier allemand, jeune,
grand, maigre, petites moustaches, lunettes, col
rouge, casquette ; on a entendu qu'il parlait très
mal pour les Arméniens ; il était très méchant
pour eux. Il nous fit ranger, les femmes à ge–
noux devant lui, levant les bras et il nous pho-
(1)
Deux ans de guerre à Constantinople. Etude de morale
et politique allemandes et jeunes-turques
(
Paris, Payot,l vol.,
in-16,1917. Edition allemande à Lausanne, chez Payot:
Zwei
Kriegsjahre in Konstantinopel,
Voyez p. 38 et suivantes de
l'édition
française.
Fonds A.R.A.M