PRÉFACE
XVII
«
C'est Venseignement des Allemands, dit le simple
Turc à ceux qui lui demandent quels sont les ins–
tigateurs de ce forfait », écrit Niepage, et il
ajoute: « l'auteur de ce rapport n'admet pas que,
si le gouvernement allemand avait eu la ferme
volonté d'arrêter ces exécutions au dernier mo–
ment, il n'aurait pas pu rappeler le gouvernement
turc à la raison ». C'est le jugement de l'histoire.
Nous avons entendu aussi le cri d'indignation
et de dégoût de M. Harry Stuermer, un Alle–
mand qui fut en 1915 et 1916 correspondant de
la
Gazette de Cologne
à Constantinople et qui
envoya à son journal des protestations qui ne
furent jamais insérées ; « il suffit d'avoir, comme
Allemand, conclut-il, gardé un peu de sentiment
de dignité pour ne pas pouvoir voir sans rougir
de honte la misérable lâcheté de notre gouverne–
ment dans la question arménienne. Et tout ce
triste ensemble de manque de conscience, de lâ–
cheté et de sotte imprévoyance dont le gouverne–
ment allemand s'est rendu coupable envers les
Arméniens, peut suffire à lui seul à détruire
tout sentiment de loyauté politique chez un homme
consciencieux auquel importent l'humanité et la
civilisation. Heureusement ce ne sont pas encore
tous les Allemands qui supporteront d'un cœur
aussi léger que ces Messieurs les diplomates de
Bryce.
Pièces 66 et 72 de l'édition française ; ces documents,
parvenus après la publication de l'édition anglaise, ne s'y
trouvent pas.
LEPSIUS
2
Fonds A.R.A.M