PRÉFACE
XV
pire, le
Gœben
et le
Breslau
dans le Bosphore,
n'aurait pas été écoutée si elle avait voulu l'être ;
la vérité est qu'elle avait intérêt à ménager les
assassins et qu'elle s'est faite, par là, complice
et coresponsable de leurs crimes inouïs.
L'Alle–
magne était, à Constantinople, en situation de se
faire écouter, beaucoup mieux que les Etats-
Unis ; si elle ne l'a pas été, c'est qu'elle ne tenait
pas à l'être. Guillaume I I peut dire aussi en
parlant des massacres d'Arménie : « Je n'ai pas
voulu cela », mais nous sommes fondés à lui
répondre que, s'il avait voulu, « cela » n'eut pas
été. Nous voyons ici sur le vif comment cette
guerre a été préméditée, déclarée et conduite par
la volonté du Grand Etat-Major ; le véritable
gouvernement de l'Allemagne, ce n'est pas son
Empereur, encore moins son Reichstag ou ses
Landtag, c'est le Général-Staab, incarnation du
«
militarisme allemand » ; c'est lui qui, depuis
quatre ans, a ensanglanté le inonde pour sa–
tisfaire sa soif de domination universelle ; c'est
a lui que l'histoire imputera aussi, en dernier
ressort, la responsabilité
des massacres d'Ar–
ménie.
Lepsius proteste contre les accusations portées
contre les Consuls d'Allemagne, notamment ce–
lui d'Alep, d'avoir dirigé et encouragé les mas–
sacres; il loue au contraire leur humanité à l'é–
gard des Arméniens. Même en admettant que le
témoignage du Syrien qui met en cause le B
T
Ross-
Fonds A.R.A.M