DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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digne des efforts et des sacrifices des puissances d u monde civilisé ».
Mais i l d i t en même temps que le Conseil est obligé d'sjouter : « Pour
autant q u ' i l est en son pouv o i r , le Conseil de l a Société est anxieux de
coopérer à celte tâche, et d'autre part i l se rertd compte des l i m i t a t i o n s
imposées à son action. I l sait q u ' i l n'est pas u n État, q u ' i l n'a jusqu'à
présent n i armée, n i finances, et que l'action q u ' i l peut exercer sur l ' o p i –
nion pub l i qu e sera bien moins efficace en Asie Mineure que dans les pays
plus civilisés d'Europe. Le Conseil ne saurait n o n p l us oublier les amères
i l l u s i o n s causées à la Nation arménienne par la faillite des clauses q u i
visent l'Arménie dans les traités d u siècle d e r n i e r » . Le Conseil de l a
Société rappelle, en outre, dans son Mémorandum, « que les disposi–
tions mêmes de l'article 22 ne prévoient pas,jpour l a Société des Nations,
la faculté d'accepter et d'exercer un mandat ; que , tout au contraire, ces
dispositions o b l i g e n t l a Société à contrôler l'exécution des mandats
confiés à des puissances déterminées su r des communautés ayant ap –
pa r t enu à l ' Emp i r e ottoman et que l'exercice, pa r la Société des Nations,
d u contrôle sur les divers mandais conférés à des puissances sur diver–
ses régions de l ' e x -Emp i r e ottoman, ne parait pas compatible avec
l'exercice, par la même Société, d ' un mandat sur une de ces régions » .
Le Conseil est donc « arrivé à l a conclusion que l a façon l a p l us satis–
faisante d'assurer l'avenir de la Nation arménienne serait de trouver u n
memb r e de la Société, o u quelque autre puissance, q u i accepterait l e
mand a i sur l'Arménie, sous le contrôle et avec l ' a ppu i mo r a l entier de
la Société, et en conformité avec les dispositions générales de l'article 22
d u Pacte » . Mais le Conseil de l a Société des Nations attire en même
temps l'attention d u Conseil suprême sur la difficulté de trouver u n
État disposé à accepter l e manda t arménien «jusqu'à ce que les inten–
tions d u Conseil suprême des Alliés, en ce q u i touche certains points
fondamentaux, soient clairement définies » . Ces points f ondamen t aux
sont, d'après le Conseil de la Société, au nomb r e de trois : i ° I l serait
t o u t d'abord nécessaire de régler la question financière : l a République-
arménienne aura besoin d ' u n capital i mp o r t a n t afin de procéder à son
i n s t a l l a t i o n . Or, la Société des Nations ne possède pas de ressourcée,
financières q u i l o i soient propres, et i l est peu probable que l'Étal'man-
dataire assume les responsabilités financières qu'entraînerait le mandat ;
le Conseil de la Société serait disposé à soumettre à l'Assemblée la
demande de g a r an t i e d ' un emp r un t par l'ensemble des membres de l a
Société ; mais, en attendant, le Conseil de la Société est désireux desavoir
si le Conseil suprême est prêt à faire les avances indispensables de'fonds,
ou à donner sa garantie financière provisoire à la République d'Arménie ;
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° Vu qu ' un e grande partie d u territoire de la République indépendante
Fonds A.R.A.M