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L A SOCIÉTÉ DES NATIONS KT LES PUISSANCES
des < divergences radicales sur la question de guerre et de paix entre les
peuples q u i avaient créé la République indépendante transcaucasienne »
et constatant le « fait de la dissolution de la Transcaucasie ». Le même
jour, la Géorgie proclama son indépendance. Elle fut suivie, le surlen–
demain (28 ma i ) , par l'Azerbeïdjan et par l'Arménie. La République
transcaucasienne n'avait vécu que c i nq semaines (1).
La Géorgie confia immédiatement l a défense de son indépendance à
l'Allemagne dont les troupes occupèrent le pays ; ainsi l'invasion turque
ne fut évitée que par la mainmise germanique. Par contre, la République
tatare de l'Azerbeïdjan appela elle-même les Turcs et devenait bientôt
une dépendance de l a Tu r qu i e , vers laquelle allaient toutes ses sympa–
thies. Force fut donc aux Arméniens, qu i jusqu'à ce mome n t avaient
presque seuls soutenu le fardeau de la lutte et q u i se voyaient aban–
donnés p a r l e u r s confédérés à la merci des Turcs, de conclure la paix
avec ces derniers. Par cette paix, faite à Batoum, le 4 j u i n 1918, l a T u r –
quie ne reconnut à l'Arménie indépendante qu ' un minuscule t e r r i t o i r e ,
composé d u district de Novo-Bayazet et des parties de ceux d'Etchmiad-
zin, d'Erivan et d'Alexandropol (environ 9.000 kilomètres carrés avec
320.000
habitants) (2) ; par un traité additionnel ( a r t . I I I ) , le gouverne–
men t arménien consentait « à ce que l'armée ottomane fasse effectuer
toutes sortes de transports militaires de transit sur les voies ferrées de
la République ».
Après celte paix avec le gouvernement d'Erivan, les Tu r c s , sur l ' i n v i –
tation d u gouvernement de l'Azerbeïdjan, mi r en t le siège devant Ba k ou ,
la ville d u pétrole, qu i était entre les mains d'une coalition russo-armé–
nienne. Après u n siège de quatre mois, les troupes turco-tatares, c om–
mandées par Nouri Pacha, s'emparèrent, le 15 septembre 1918, de Bakou,
ensanglantée, après la prise, par un nouveau massacre d'Arméniens. Le
gouvernement tatare transféra son siège, q u i jusqu'alors avait été à E l i -
sabetpol, à Bakou, et les Turcs en firent une base solide pour leur poli–
tique pantouranienne dans le bassin de la mer Caspienne. A i ns i , à l a
fin de la guerre mondiale, la petite Arménie d'Erivan, restée fidèle aux
Alliés, se trouvait encerclée de tous les côtés par des ennemis : l a Tu r –
quie, l'Azerbeïdjan, et la Géorgie occupée par les Allemands.
La débâcle de l'Allemagne et de ses alliés, qu i s'ensuivit peu après,
éveilla naturellement dans les cœurs des Arméniens de Russie et de Tu r –
quie les plus grandes espérances e n un sort meilleur. Mais ces espéran–
ces n'eurent pas de lendemain. L'armistice que l ' ami r a l anglais s i r
(4)
Documents, etc.,
n° 162.
(2)
Sans compter les réfugiés.
Fonds A.R.A.M