DIS VAUT LE PROBLÈME ARMÉNIEN
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indépendance (1). Sur ces entrefaites, Tchenkéli fut désavoué par l a
Diète où venait de triompher l'orientation russe, et rappelé (2). Mais
bientôt un revirement se p r odu i s i t à Tiflis. D ' un côté, la République ne
pouvait compter sur les Tatares q u i , déjà lors d u rappel de la Déléga^
t i o n , avaient déclaré que, pour des motifs religieux, la démocratie m u –
sulmane ne pouvait participer à une action mi l i t a i r e contre les Turcs ( 3 ) .
D'autre part, Tchenkéli réussit à convaincre à ses idées les chefs de l a
social-démocratie géorgienne et à former un gouvernement sous sa
présidence. Enfin, le 22 a v r i l 1918, le Seim proclama l'indépendance de
la Transcaucasie.
Entre temps, les Tu r c s , q u i , déjà le 14 a v r i l , s'étaient emparés de Ba-
t o um , pénétrèrent dans le territoire de Ka r s . Le 23 a v r i l , le g o u v e r n e –
ment transcaucasien acceptait d'arrêter les hostilités sous les conditions
imposées par les Turcs et le 25 a v r i l le défenseur arménien de Kars, le
général Nazarbekow, évacuait la forteresse conformément aux ordres de
Tchenkéli (4).
A la reprise des négociations de paix, à Ba t oum, le 11 ma i 1918, la
Tu r qu i e ne se contentait plus de l'acceptation d u traité de Brest. La Dé–
légation ottomane demandait la cession de nouveaux territoires et la
disposition pour la durée de la guerre de la ligne de chemi n de fer
Alexandropol-Djoulfa, dont les Turcs avaient besoin pour leurs opéra–
tions contre les Anglais en Perse (5). Les troupes turques s'emparèrent
d'ailleurs, de vive force, dès le 15 ma i , de la ville arménienne d'Alexan-
dropol. A ces exigences, la Transcaucasie ne put opposer aucune résis–
tance puisque ses peuples, momentanément réunis, ne possédaient
aucune force de cohésion intérieure. Les Tatares penchaient vers les
Turcs, leurs congénères et coreligionnaires ; pendant les pourparlers
mêmes, les Musulmans des régions d ' Akna l t z i kh et d ' A l kha l i k présen–
taient à la Délégation ottomane la demande d'être réunis à la Tu r qu i e (6).
Les Géorgiens, sous l ' impu l s i o n de Tchenkéli, adoptaient de plus en plus
l'orientation allemande. Seuls, les Arméniens — et pour cause — étaient
en faveur de la continuation de la lutte avec les Turcs. D'ailleurs, les
liens extérieurs eux-mêmes entre les trois Républiques ne tardèrent pas
à être brisés. Le 26 ma i 1918, la Diète p r i t une décision reconnaissant
(1)
Documents,
s
77
et 8 t .
(2)
V. les débats à la Diète de Transcaucasie le 13 avril 1918,
Documents, etc., a'
83.
(3)
Documents,
n« 83, discours de M. Roustambekoff, du parti Moussavat. '
(4)
Documents, etc.,
n«» 111, 114, 123.
(5)
Documents, etc.,
n° 133.
(6)
Documents, etc., n"
160.
Fonds A.R.A.M