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LA SOCIÉTÉ DES NATIONS ET LES PUISSANCES
propagande communiste, les troupes arméniennes, aidées de volon–
taires russes, reformèrent le front o r i en t a l . I l semblait même p e n –
dant un moment que les peuples de la Transcaucasie arrêteraient en
commun la poussée turque. Les Arméniens, les Géorgiens et les Tatares
firent u n effort pour créer u n pouvoir un i que . Le 28 novembre 1917, u n
«
Commissariat de Transcaucasie » assuma le gouvernement d u pays et
une Diète transcaucasienne (le Seim) se réunit à Tiflis, le 23 février 1918.
Cependant la lutte contre les Turcs, qu i continuaient leur avance malgré
l'armistice russo-turc d'Erzingbian, échut aux seuls Arméniens (1),
lesquels furent bientôt contraints par des forces supérieures ottomanes
de se retirer de l'Arménie turque. Dans ces conditions, la Transcaucasie
fut obligée d'entrer en pourparlers avec la Tu r qu i e , et le 14 mars une
Conférence des délégués turcs et transcaucasiens s'ouvrit à Trébizonde.
,
Les délégués de la Transcaucasie arrivèrent à celte Conférence avec
le mandat du Seim d'obtenir les frontières de 1914 et une autonomie
pou r l'Arménie turque (2). Contre cette dernière demande les Tares
protestèrent énergiquement, comme contre une ingérence dans leurs
affaires intérieures; d'autre part, i l s . exigèrent de la Délégation trans-
caucasienne la reconnaissance, préalable à toutes négocia lions, d u traité
de Brest-Litovsk (3) qu i venait d'être signé et qu i privait la Russie des ter-
riloires d'Ardahan, de Kars et de Batoum cédés à elle par le traité de
Berlin de 1878. Après de longs pourparlers, la Délégalion transcauca–
sienne, présidée par le Géorgien Tchenkeli, connu pour son orientation
allemande, accepta le 10 a v r i l 1918 de reconnaître le traité de Brest-
Litovsk (4), après quoi les Turcs présentèrent une autre demande préli–
mi na i r e , celle de la proclamation formelle par la Transcaucasie de son
(
t) Les Géorgiens et les Tatares organisèrent également des corps nationaux, mais les
Tatares ne se rendirent à aucun moment sur le front turc, et les Géorgiens se bornè–
rent à la défense de Batoum.
(2)
V.
Documents et matériaux concernant la politique étrangère de la Transcaucasie
et de la Géorgie,
n« 46.
(3)
V.
Documents, etc.,
n « 54 et 68.
(4)
Traité de paix signé à Brest-Litovsk, le 3 mars 1918 (ratifications échangées à
Berlin le 29 mars 1918)
(
Sorddeutsche allgemeine Zeitung
du 4 mars 1918, n° 116) :
Art. IV, § 2. — La Russie fera tout ce qui est en son pouvoir pour assurer l'éva–
cuation aussi rapide que possible des provinces de l'Anatolie orientale et leur restitution
méthodique à la Turquie.
§ 3.
—•
Les cercles d'Ardahan, de Kafs et de Batoum seront également évacués sans
retard par les troupes russes. La Russie ne s'immiscera pas, quant aux questions de
droit constitutionnel et de droit des gens, dans la nouvelle organisation de ces cercles,
mais laissera à la population de ces cercles le soin d'établir la nouvelle organisation
d'accord avec les États voisins et notamment la Turquie
(
Bévue générale de droit in–
ternational public,
?•
série, t. I (1919), Documents, p. 46-47).
Fonds A.R.A.M