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V
PRÉFACE
États-Unis, favorable à l'incorporation de vastes territoires ottomans
dans la République, eut été rendue, elle ne fut suivie d'aucun effet
d'exécution. L'extension des frontières décrétée par le Président parut,
au contraire, aux trois principales Puissances alliées, trop grande p o u r
leur permettre d'accepter l a responsabilité de les g a r an t i r . Ceci les
amena à se prononcer contre l'admission de l'Arménie dans le sein de
la Société des Nations. Au mome n t même où l a première assemblée de
la Société des Nations, se rangeant, à une forte majorité, à cet avis,
rejetait l a demande d'admission de l'Arménie, cette pelile République,
bénéficiaire théorique de l a généreuse sentence d u Président de l'Amé–
rique, succombait, d'ailleurs, sans la mo i nd r e protection i n t e r na t i ona l e ,
sous les coups des Bolcheviks et des Kémalistes.
Après s'être a i ns i déclarées, quelques mois seulement après le Traité
de Sèvres, hors d'état de protéger l'indépendance de l'Arménie
russe,
que ce Traité avait confirmée, les Puissances abandonnèrent g r adue l l e –
ment l a cause de la délivrance des Arméniens
turcs.
La Conférence de
Londres de mars 1921, faisant complètement abstraction de la sentence
d u Président W i l s o n , préconisa simplement l a c on s t i t u t i on d ' un foyer
na t i ona l arménien sur les frontières orientales de l a Tu r qu i e , sans se
prononcer sur les relations j u r i d i qu e s de celle-ci avec ce foyer. Un an
plus l a r d , en mars 1922, la Conférence de Paris tout en maintenant l a
demande d ' un foyer, proclama en même temps l a pleine souveraineté
turque, des frontières de l a Transcaucasie jusqu'à l a me r Egée, c'est-à-
dire renonça, sans aucun doute possible, à l'indépendance des Armé–
niens t u r c s . Enfin, à la Conférence de Lausanne, en 1923, les vainqueurs,
devant l'insistance de l a Tu r q u i e vaincue, abandonnèrent jusqu'à l'idée
d'un foyer arménien autonome. Le traité de Lausanne ne men t i onna
même pas l'Arménie, et les Arméniens n'en peuvent tirer d'autres droits
que ceux q u i découlent de ses dispositions générales sur la p r o t e c t i on
des minorités.
A l'heure actuelle, l a situation des Arméniens est donc i n f i n ime n t
pire qu'elle n'était à la veille de la grande guerre, alors que l a Porte, en
signant l'accord russo-turc d u 8 février 1914, venait d'accepter des réfor–
mes pour l'Arménie et que deux inspecteurs généraux avaient été déjà
nommés, sur la proposition des Puissances, pou r surveiller l'application
de ces réformes.
Cette situation du p eup l e arménien après la guerre mondiale appelle
Fonds A.R.A.M