P R É F A C E
Lorsque éclata la grande guerre, l a Sublime Porte venait, pa r u n accord
'engager à i n t r o du i r e des réformes dans.ses,pro–
vinces arméniennes q u i se mouraient lentement sous les violences et
les exactions d u régime jeune-turc.Mais l a tourmente guerrière déchaînée
sur le monde p e rmi t au gouvernement j eune - t u r c , débarrassé de toutes
les entraves de l ' i n t e r v en t i on d'humanité, défaire u n nouveau et g r a nd
pas vers la solution du problème arménien selon la méthode, autrement
radicale, inaugurée par le Sultan A b d u l - H am i d : l ' e x t e rmi na t i on de l a
nation, objet de la sollicitude gênante des Puissances. Les Jeunes-Turcs
réussirent en effet à détruire environ un m i l l i o n des Arméniens de
Tu r qu i e et à porter la mo r t et la dévastation dans l'Arménie russe.
L'attitude qu'observèrent devant cette catastrophe les Puissances,
champions attitrés d u d r o i t et libérateurs effectifs de toute une série de
peuples, peut, au premier abord, si on l'envisage dans son ensemble,
paraître confuse et déconcertante.
Jusqu'à la conclusion de la paix de Versailles,les dirigeants des nations
alliées donnèrent l i b r e cours à l e u r i nd i g na t i on . A maintes reprises, i l s
s'engagèrent solennellement à libérer de la d omi na t i on turque les restes
d u malheureux peuple arménien. I l s on t , cependant, totalement manqué
à leurs promesses. Les gouvernements alliés ont bien commencé par
reconnaître de fait u n État arménien ; et, après avoir échoué dans leur
tentative de trouver le mandataire préconisé par le Pacte de la Société
des Nations pour guider les peuples « non encore capables dë se d i r i g e r
eux-mêmes », i l s ont bien déclaré reconnaître comme a État souverain
et indépendant » l'Arménie qu'ils avaient créée. Mais cet État ne devait
être formé en réalité que des régions arméniennes de l'ancien Empire
russe. Quant aux Arméniens
turcs,
au l i e u de les libérer d i r e c t emen t
de la domi na t i on de l ' Emp i r e ottoman, comme les Syriens et les Arabes,
les Puissances, par le Traité de Sèvres, mi r e n t leur sort entre les ma i n s
d u président W i l s o n , qu'elles chargèrent de fixer les frontières entre la
Tu r qu i e et la République arménienne. Et quand la sentence d u chef des
Fonds A.R.A.M