DEVANT LE PROBLÈME ARMÉNIEN
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«
Une grande partie du Comité jeune-turc procède du point de vue que l ' Em –
pire turc doit être construit sur une base purement musulmane et p a n - t u r q u e .
Les habitants n o n -mu s u i ma n s et non-lurcs de l'État doivent être islamisés et
turquifiés par la force, et, là où cela n'est pas possible, exterminés. Le temps
actuel semble-à ces Messieurs le plus propice pour l a réalisation de ce plan.
Le premier point de leur programme comportait ta liquidation des Arméniens »
(
Rapport du consul v on Scheubner-Richter daté de Munich, le 4 décembre 1916,
n° 309 d u Recueil).
Les ambassadeurs allemands ne sont pas moins affirmalifs que les
consuls.
Déjà à la date du 17 j u i n 1915,1e Baron Wang enhe im, q u i , le 31 ma i ,
avait soutenu la mesure de la déportation devant, le chancelier, écrit :
«
I l est évident que la déportation des Arméniens n'est pas motivée par les
seules considérations militaires. Le ministre de l'intérieur Talaat Bey a derniè–
rement, dans une conversation avec le D
r
Mordtmann actuellement au service à
l'ambassade impériale, déclaré ouvertement t que l a Porte voulait profiter delà
guerre mondiale pour en finir radicalement
(
grùndlich aufzuraùmen)
avec leurs
ennemis intérieurs (les Chrétiens autochtones) sans être gênée par l'intervention
diplomatique de l'étranger » (n"81).
Le même Baron Wang enhe im écrit, le 7 j u i l l e t , en rapportant sur
l'extension de l a mesure de l a déportation aux provinces qu i ne sont
pas menacées par une invasion ennemie :
«
Cette circonstance et l a manière de laquelle s'effectue l a déportation
[
Vmsie-
delung)
démontrent que le gouvernement poursuit réellement le bu t d'exterminer
la race arménienne dans l'Empire o t t oma n » (n* 106).
Le Prince Hohenlohe télégraphie, le 2 août 1915, au consulat d'Alle–
magne d'Alep :
«
Toutes nos représentations on t été sans résultat, en présence de la détermi–
nation d u gouvernement de se débarrasser
(
unschàdlich zu machen)
des Chrétiens
indigènes des provinces orientales » (n° 127).
Très intéressant est également un r appo r t daté du 30 j u i n 1916, adressé
par le Comte Wolff-Metlernich a u chancelier de l'Empire, où l'ambassa–
deur décrit la pression que le Comité jeune-turc exerce partout sur le
gouvernement q u i est d'ailleurs son émanation ; le rapport nous montre
en même temps en quelle estime ce diplomate allemand tenait ses alliés
jeunes-turcs :
«
Le Comité, écrit l'ambassadeur, exige l'extermination des derniers restes des
Arméniens et le gouvernement doit céder. Mais le Comité n'est pas seulement
l'organisation du p a r t i gouvernemental dans la capitale. A toutes les autorités,
du Vali au K a i ma k am , est adjoint u nmembre d u Comité pour les soutenir et les
MANDELSTAM
Fonds A.R.A.M