DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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enregistré de la façon l a plus minutieuse les méfaits de leurs
alliés. Et le Recueil de M . Lepsius, qu i publie t o u s c e s rapports, est
une réfutation définitive de toutes les légendes et de tous les mensonges
mis en cours par les Jeunes-Turcs pou r nier ou pour atténuer leurs
responsabilités.
Entre autres, le Recueil a coupé court à la légende officielle turque su r
des
insurrections
arméniennes.
Avant
la déportation, i l n'y eut que trois
rencontresinsignifiantes"entre des gendarmes e l des déserteurs (à Mouch,
à Zeitoun et à Van).
Après
le commencement des massacres, dans certains
endroits,
à Van , à Ghabin Karahissar, à Ourfa et à Suediyé — les
Arméniens n'opposèrent qu'une
résistance
armée aux massacreurs, résis–
tance qu i toutefois semblait peut-être criminelle aux Turcs habitués
d'après la bonne t r a d i t i on à une attitude p l us passive de leurs v i c t i –
mes (1). Et, pendant toutes ces soi-disant insurrections, les Turcs ne
perdirent pas plus de 300 hommes (2).
Les rapports consulaires allemands infligent également un démenti
formel à une autre accusation produite par les Turcs contre les Armé–
niens, celle d'avoir
préparé
u n soulèvement
général
dans tout l ' Emp i r e .
Ces rapports certifient, au contraire, que la conduite des Arméniens
a été irréprochable et q u ' i l n ' y avait aucune preuve de l e u r trahi–
son (3).
Enfin, les racontars turcs sur les massacres perpétrés par les
Arméniens sur les Turcs sont du domaine de la plus pure fantaisie (4).
Des actes individuels de vengeance de la part des Arméniens p euv en t
certainement avoir eu l i e u , mais, comme le fait ressortir avec raison
(1)
Ainsi la célèbre « révolte » de
Van
consista en ceci : après que le Vali Djevdet Bey
eut commencé à massacrer les villages des environs et fait assassiner quelques chefs
arméniens, les Arméniens de Van se barricadèrent dans leur quartier et se défendirent
avec succès contre les troupes turques, jusqu'à l'arrivée des Russes.
(2)
Deuttchland und Arménien,
p. LXVII1-LXIX.
(3)
Deutschland und Arménien,
p. LXX.
(4)
M. Lepsius donne un exemple frappant de la mauvaise foi insigne des accusations
turques. Ainsi, un communiqué turc du 29 j u i n 1915 affirme que des 180.000 habitants
musulmans
du vilayet de Van, 30.000 à peine ont pu se sauver, les autres restant
exposés aux assassinats des Russes et des Arméniens, sans qu'on eût pu avoir des
nouvelles de leur sort. Enver Pacha fait une déclaration à l'effet que des 150.000
Turcs
du vilayet de Van, 30.000 seulement sont en vie. Et enfin, un communiqué de l'am–
bassade turque à Berlin du 1 " octobre 1915 parle d'une révolte arménienne qui a coûté
la vie à tous les 180.000 Musulmans de Van ! En réalité, les 30.000
Turcs
de Van
s'étaient enfuis non pas devant une révolte arménienne, mais devant l'avance de l'ar–
mée russe. Quant aux 190.000 Musulmans
kurdes
restés dans le pays, ils n'ont eu à
souffrir ni des Russes, n i des Arméniens. Et les pertes des Turcs pendant les troubles
de Van se composent, d'après M. Lepsius, non pas de 180.000, mais à peu près de IS !
(
Deutschland und Arménien,
p. LXXIl-LXXIV).
Fonds A.R.A.M