DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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ne demandât l'annexion de l'Arménie, et poussa elle-même les Armé–
niens à réclamer leur autonomie sous la souveraineté turque. Le Patriar–
che arménien Nersés se rendit donc au quartier général du Grand Duc
Nicolas à San Stefano et sollicita le concours russe pour l'établissement
d'une autonomie administrative. Mais la flotte anglaise ayant paru
devant Constanlinople, et la Porte ayant acquis la certitude que l a Russie
serait obligée d'évacuer l'Arménie, elle revint sur sa décision, et p e n –
dant les négociations, les plénipotentiaires russes, au lieu de l'autono–
mie, ne purent obtenir que la promesse de vagues réformes. L'article 16
d u traité de San Stefano du 19 février (3 mars) 1878 portait en effet :
«
Comme l'évacuation, pa r les troupes russes, des territoires qu'elles occupent
en Arménie, e t q u i doivent être restitués à la Turquie, pourrait y donner lieu à
des conflits et à des complications préjudiciables aux bonnes relations des deux
pays, la Sublime Porte s'engage à réaliser, sans plus de retard, les améliorations
et les réformes exigées par les besoins locaux dans les provinces habitées par les
Arméniens, et à garantir leur sécurité contre les Kurdes et les Circassiens » .
De son côté, l'Angleterre, dans une convention d'alliance défensive
conclue, le 4 j u i n 1878, avec la Tu r qu i e , « dans le bu t d'assurer peur
l'avenir les territoires en Asie de S. M . I . le Sultan », stipula l ' i n t r oduc –
tion des réformes dans lesdits territoires asiatiques :
«
En revanche, S: M. I . le Sultan promet à l'Angleterre d'introduire les réfor–
mes nécessaires, à être arrêtées plus tard par les deux Puissances, ayant trait à
la bonne administration et à la protection des sujets chrétiens et autres de la
Sublime Porte qu i se trouvent sur les territoires en-question, et afin de mettre
l'Angleterre en mesure d'assurer les moyens nécessaires pour l'exécution de son
engagement, S. M. I . le Sultan consent, en outre, d'assigner l'Ile de Chypre pour
être occupée et administrée par elle » (1). '
.
Enfin l'article 61 du traité de Be r l i n d u 13 j u i l l e t 1878 donna à l'enga–
gement de la Tu r qu i e d ' i n t r odu i r e des réformes en Arménie u n carac–
tère d'obligation internationale placée sous le contrôle des Puissances :
«
La Sublime Porte s'engage à réaliser sans plus de retard les améliorations et
les réformes qu'exigent les besoins locaux dans les provinces habitées par les
Arméniens et à garantir leur sécurité contre les Circassiens et les Kurdes. Elle
donnera connaissance périodiquement des mesures prises à cet effet aux Puis–
sances q u i en surveilleront l'application ».
L'article 61 ne reçut même pas un commencement d'exécution. Le
Sultan Abdu l -Hami d , qu i avait conçu le plan de relever et de fortifier
l'Empire turc, non pas par les réformes, mais par l'affaiblissement, voire
(
ti NOi-adouDghian,
Hecueil.
t. I I I , p. 523.
Fonds A.R.A.M