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LA SOCIÉTÉ DES NATIONS F.T LES PUISSANCES
sances en 1876. Cette intervention visait à u n bu t infiniment plus
imp o r t an t pou r l'Europe entière : à l'extinction d u foyer d'anarchie
qu'était devenue la Turquie o u , du mo i ns , à la réduction de ses dimen–
sions, absolument nécessaire pou r le ma i n t i e n de la paix générale. Et
ce bu t a été, dans la mesure d u possible, atteint par le traité de Berlin
émancipant une grande partie de l a population chrétienne de la
Tu r qu i e .
Depuis la défection de l'Allemagne et de l'Autriche à l a cause de l'inter–
vention d'humanité et la concentration de celle-ci entre les mains des
seules Puissances de l'Entente, cette i n t e r v e n t i on , tout en perdant parfois
en efficacité, n'a aucunementaliéné son caractère désintéressé. Et le traité
de Sèvres, imposé par les Puissances alliées à la Tu r qu i e vaincue dans
sa guerre d'agression, apparaît, dès qu ' on se place au point de vue des
races opprimées, non- pas comme une œuvre de violence, mais comme
une œuvre de justice. Certes, le traité de Sèvres démembre la Tu r qu i e ,
mais i l n'annexe pas les parties q u ' i l en détache aux territoires des
Grandes Puissances victorieuses. 11 les émancipe ou les réunit aux
nations congénères ou bien les place provisoirement sous le mandat
de la France ou de l'Angleterre, mandat q u i doit être exercé au n om
de l a Société des Nations et q u i cessera dès que ces contrées « seront
capables de se conduire seules » . En même temps, le traité de Sèvres
impose à l a Tu r qu i e , au profit des populations qu i restent sous sa d om i –
na t i on , une véritable Constitution des droits de l'homme, d u citoyen et
des minorités, qu i se présente comme l'aboutissant logique de toute l ' i n –
tervention d'humanité en Tu r qu i e .
D . —
Les méthodes de fintervention
d'humanité.
Les méthodes employées, a u cours de l'histoire, par les Puissances
pour la réalisation des buts de leur intervention d'humanité se présen–
tent sous u n t r i p l e aspect : les
réformes, Vaulonomie
et la
séparation
totale de l'Empire.
Les conseils des Puissances concernant l ' i n t r o duc t i on de
réformes
générales,
comme celles qu i on t précédé le célèbre Ha t t i -Houma y oun
de 1856, ont été ordinairement accueillis assez favorablement par l a
Sublime Porte q u i se rendait compte du vague et, partant, d u caractère
inoffensif de pareilles déclarations de principe. Bien plus, l a Porte ne
manqua i t pas d'y avoir recours elle-même, l o r s qu ' i l s'agissait d'esquiver
des réformes
réelles
dans telle ou telle province : i l suffira de rappeler
la proclamation théâtrale de la Constitution en 1876 en vue d'éviter les
réformes en Tu r qu i e d'Europe et « les articles additionnels à la l o i sur
l ' a dmi n i s t r a t i o n des vilayets », promulgués en 1914 dans le bu t d'éluder
les réformes en Arménie.
Fonds A.R.A.M