DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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situation d ' un véritable tuteur politique de l a Tu r qu i e , a contrecarré,
d'accord avec l ' Au t r i che , toute action réformatrice d u bloc de l ' En t en t e .
Pendant la Grande Guerre, l'Allemagne n'a p u ou su empêcher l a p o l i –
tique d'extermination pratiquée pa r son alliée ottomane envers ses
sujets non-turcs. En conséquence, après la guerre, la protection des
races non - t u r que s a été très na t u r e l l eme n t assumée par les seules
Puissances alliées.
Cette protection n'appartient donc plus aujourd'hui aux anciennes
«
Grandes Puissances » d'avant guerre. Le traité de Sèvres, conclu par
la Tu r qu i e avec treize Puissances alliées, l i m i t e l a souveraineté ottomane
tantôt au profit de ces Puissances, tantôt au profit des seules Puissances
principales (France, Angleterre, I t a l i e , Japon), tantôt envers l a Société
des Nations.
C. —
Caractère de
l'intervention.
Jusqu'au début d u X X
8
siècle, Les divergences des buts de leUrs p o l i –
tiques dans le Proche Orient n'ont pas empêché les Grandes Puissances
d'intervenir collectivement en faveur des populations opprimées. I l serait
injuste d'attribuer ces interventions collectives à des motifs d'égoïsme
national. Ce ne sont pas seulement les protocoles fréquents de désinté–
ressement q u i prouvent le contraire.
On peut dire, d'une manière générale, que l a politique des Grandes
Puissances dans le Proche Orient s'est faite en quelque sorte à côté de
l ' i n t e r v e n t i on d'humanité collective qu'elle a tâché de ma i n t e n i r au
dessus des heurts violents des intérêts pa r t i cu l i e r s . Nous voyons, au -
Congrès de Paris de 1856, les Puissances occidentales s'unir à l a Russie,
l eu r ennemie d'hier, pour imposer des réformes à la T u r q u i e , l e u r
alliée. Et si l ' on parcourt les procès-verbaux de l a Conférence de Cons-
tantinople de 187$*et de celle de Londres de 1877, aucun doute ne sub–
siste sur les causes q u i ont provoqué la guerre r us s o - t u r que , tolérée
par toute l'Europe. La Russie a p u se voir r e s t i t ue r , par le Congrès de
B e r l i n , l a partie de l a Bessarabie détachée d'elle par le Congrès de
Paris et se faire a t t r i bue r quelques villes en Asie turque ; l'Autriche-
Hongrie a p u réaliser ses visées politiques en occupant l a Bosnie et
l'Herzégovine. Et ces agrandissements ont même p u faire l'objet d'ac–
cords préalables entre l ' Au t r i c h e et la Russie conclus pou r le cas d ' un
remaniement territorial de l ' Emp i r e ottoman résultant de l a guerre (1).
I l n'en reste pas mo i ns vrai que ce ne sont pas ces combinaisons po –
litiques q u i ont déterminé l ' i n t e r v en t i on collective des Grandes Puis-
(1)
Accord de Reichstadt du 26 jain/8 juillet 1876 e t convention Novikow-Andrasiy
du
.3/15
janvier 1817. Comp. Goriainow,
Le Bosphore et les Dardanelles,
p. 318-336.
Fonds A.R.A.M