DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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seulement aux Chrétiens, mais à tous les éléments non t u r c s . En même
temps, le pouvoir jeune-turc assumait de plus en plus les formes terro–
ristes d u régime hami d i en . Des ma i ns d u Sultan, la Turquie passa entre
celles d u Comité Un i on et Progrès, c l ub j a c o b i n , s'appuyant sur des
prétoriens.
Mais ce retour au passé, après les promesses solennelles d u début
de l'épopée jeune-turque, finit par exaspérer toutes les populations non -
turques q u i avaient contribué à l'instauration d u nouvel ordre de choses.
Les Arméniens, les Albanais, les Macédoniens, les Arabes demandaient
avec véhémence des privilèges el des réformes. Les Jeunes-Turcs répon–
daient par une terreur toujours grandissante. L'Albanie fut ravagée pa r
plusieurs expéditions militaires ; l'élément arménien laissé à l a me r c i
des Kurdes ; la popu l a t i on de la Macédoine surtout livrée à une e x t e rmi –
nation méthodique, exécutée, sous le manteau du désarmement et de la
l u t t e contre les bandes, par la soldatesque t u r q u e .
Nous avons d i t plus haut que, grâce à la politique pangermaniste de
l'Allemagne, l'action de l'Europe vis-à-vis des crimes de lèse-humanité
turcs avait déjà perdu son unité pendant le règne d'Abdul-Hamid. Sous
le régime j eune - t u r c , l a division toujours croissante de l'Europe en deux
camps ennemis exerça une influence plus grande encore sur le sort de
l'intervention d'humanité. Au débutdu nouveau régime, les Jeunes-Turcs
se détournèrent de l'Allemagne», fidèle amie d u Sultan Abdu l -Hami d , et
de l'Autriche, q u i au m i l i e u de l a crise avait annexé la Bosnie et l'Her–
zégovine, et se rapprochèrent des Puissances de l'Entente. Mais l a
situation changea de nouveau lorsque la politique j e un e - t u r qu e entra
résolument dans les voies d'Abdul-Hamid que les Puissances de l ' En –
tente avaient toujours combattues. Ce parallélisme entre le retour des
Jeunes-Turcs à la politique intérieure du Sultan rouge et la renaissance
de l'influence allemande est certainement u n des faits les plus signifi–
catifs de l'histoire delà Jeune-Turquie.
Cependant l'extermination systématique des Chrétiens de la Macédoine
finit par émouvoir leurs congénères — les
nations balkaniques,
la Serbie,
la Bulgarie, l a Grèce, le Monténégro, qu i p r i r e n t le flambeau de l'inter–
vention d'humanité des mains défaillantes des Grandes Puissances. En
1912,
l a Turquie se trouva en présence d'une formidable coalition ; ce
voyant, el désireuses d'éviter la guerre, les Grandes Puissances déclarè–
rent, par des Notes du 8 octobre 1912, aux États balkaniques ainsi qu'à
la Porle, qu'elles prendraient en mains la réalisation des réformes dans
l ' a dmi n i s t r a t i on de la Tu r qu i e d'Europe, en s'appuyant*sur l'article 23
du traité de Be r l i n . Ces Notes peuvent être considérées comme la consé–
cration internationale de l a faillite d u régime jeune-turc.
Fonds A.R.A.M