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LA SOCIÉTÉ DES NATIONS ET LES PUISSANCES
ma i n t i n t pas pendant longtemps à Constantinople. La guerre franco-
allemande de 1870 fit péricliter l'influence française dans le Proche
Orient et ébranla l'équilibre entre les Puissances. La Porte f u t laissée
plus ou moins libre pendant quelques années de suivre sa propre
i n s p i r a t i on . Nous n'avons qu'à nous reporter
à
l'année 1875 pour nous
rendre compte de l'esprit réactionnaire dans l e que l le gouvernement turc
avait usé de cette liberté inespérée.
La formidable i nsur r e c t i on q u i éclata en cette année contre le régime
turc en Herzégovine démontra aux Grandes Puissances l'impérieuse
nécessité d'une nouvelle i n t e r v e n t i o n commune. La Porte se hâta de
pub l i e r u n nouveau. F i rman , o c t r o y an t des réformes générales pour t ou t
l ' Emp i r e et q u i n'était qu'une réédition des promesses restées stériles
d u Hatti-Houmayoun de 1856 (1). Mais cette fois-ci l'Europe ne s'en
contenta pas. Une Note d u cbancellier d'Autriche Comte Andrassy
(30
décembre 1875) aUx Puissances signataires d u traité de Paris insista
sur la nécessité de demander
à
la Porte la mise en application des ré"
formes ; elle demandait surtout : l'égalité devant l a l o i des Chrétiens et
des Musulmans ; l'abolition d u fermage des impôts ; l'amélioration d u
sort des pa y s ans ; et l'établissement d ' un contrôle des réformes q u i
serait confié
à
une Commission de notables chrétiens et musu lman s (2).
La Porte, pressentie au sujet des propositions d u Comte Andrassy, finit
par les accepter .Mais les Herzégoviniens les repoussèrent,ne voulant plus
se fier aux promesses de l a Tu r qu i e . Vers le même temps, se p r odu i s i t
u n mouv emen t insurrectionnel
à
Ph i l i pop l e , mouvement q u i fut réprimé
avec la plus grande sauvagerie par les Turcs : 20.000 villageois bulgares
furent massacrés sans d i s t i nc t i on de sexe, n i d'âge (3). De leur côté, les
Serbes et les Monténégrins, congénères des Herzégoviniens, entrèrent
en guerre contre la Tu r qu i e .
'
En présence de ces faits, les trois Cours impériales de Saint-Péters–
b ou r g , de Vienne et de Berlin rédigèrent le
Mémorandum dilde
Berlin
(13
ma i 1876) où elles prévoyaient des mesures coerciti ves contre l a Porte
p ou r le cas où elle s'opposerait
à
leurs efforts tendant à pacifier l e pays.
D'ailleurs, l'accord se fit bientôt entre toutes les Puissances signataires
d u traité de Paris, et une Conférence se réunit vers l a fin de l'année 1876,
à Constantinople, où le Sultan Ab du l - Ham i d I I venait de mon t e r sur le
trône.
A cette Conférence, les plénipotentiaires des six Grandes Puissances
(1)
Engelhardt,
op. cit..
t. I I , p. 1*1-143.
(2)
Engelhardt,
tout.,
p. 145-148.
(3)
Ce furent les fameuses «
vtrocilis bulgares
»
stigmatisées par Gladstone.
Fonds A.R.A.M