D E V A N T L E P R O B L ÈME A R M É N I E N
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en Orient, i l n'obtiendrait d u Parlement français l a ratification d u traité
de Sèvres tel q u ' i l était, sans en envisager l a modification ».
«
La France, déclarait M. Briand, est une puissance musu lmane ». Elle
doit r ep r end r e sa vieille po l i t i que traditionnelle vis-à-vis de l a Tu r qu i e
q u i se r e c ons t i t ue r a fatalement. Les Nationalistes turcs « sont des h om–
mes q u i ont été, peut-être par l'excès de certaines parties d u traité de
Sèvres, jetés dans le Nationalisme pa r une sorte d'explosion ». I l s « on t
des préoccupations don t les unes sont peut-être excessives, mais dont les
tions desquels j'avais présidé, j'avais c r u bien interpréter les droits immémoriaux de
la France en demandant p o u r elle, n o n seulement le mandat s u r l a Syrie, mais des droits
infiniment plus étendus. I l s avaient été accordés, et p u i s , dans la suite, p a r le j e u des
négociations de paix, i l s'est trouvé que peu à p e u la part de la France a été réduite aux
proportions que vous savez
c
I I faut t e n i r compte d u fait qu'en Syrie o n n'a pas affaire à une population homo–
gène, q u ' i l n'y a pas une unité syrienne, mais que l ' o n t r o u v e quatre fractions très d i s .
tinctes de l a population q u i aiment également l a France, q u i s'inspirent également de la
civilisation et q u i veulent q u ' o n leur donne le m a x i m u m d'autonomie dans l ' a dm i n i s t r a –
tion locale
(
Très bien),
mais q u i seraient incapables de s'entendre entre elles s ' i l n ' y
avait pas u n l i e n q u i les réunisse et leur facilite l'effort c o m m u n . (
Vive
approbation.)
«
Voilà le rôle de la France en Syrie. Ce rôle, elle veut le j o u e r en collaboration
étroite, i n t i m e , avec la T u r q u i e , q u i sera sa voisine. Elle a le désir d'évacuer, dans u n
bref délai, la Cilicie, où i l est entendu qu'elle ne restera pas. Et c'est là, Messieurs,
j ' e n conviens, une chose douloureuse pour le pays, que nous y ayons eu des soldats se
battant, versant l e u r sang, périssant par centaines sur u n t e r r i t o i r e q u i ne devait pas
rester à la France.
€ Cest encore u n des sacrifices q u e la France a faits à des considérations d'humanité.
Par le traité de Sèvres, i l a été entendu qu'elle ne resterait pas en Cilicie, mais aussi
qu'elle ne s'en i r a i t pas sans "avoir reçu des garanties que les minorités q u i s'y t r o u v e n t
ne seraient molestées n i dans leur personne, n i dans leurs intérêts. Voilà le rôle i n g r a t
que la France a accepté ; mais enfin elle l'a accepté, elle a m i s sa signature devant le
monde, et ce serait p o u r elle une chose atroce q u ' u n e fois partie de la Cilicie, son
départ soit suivi d'excès s u r les personnes ou s u r les biens. Donc, c'est une nécessité
pour elle de prendre toutes les précautions nécessaires. Peut-on reprocher à celui q u i
est à cette t r i b u n e de n'avoir pas essayé, dès la première h e u r e , de redresser le traité
de Sèvres ? Dès la première heure, i l a dit nettement à ses alliés que jamais, à cause
des traditions de la politique française e n Orient, i l n'obtiendrait du Parlement français
la ratification - d u traité de Sèvres tel q u ' i l était, sans en envisager la modification. Nous
avons obtenu qu'on examinât cette modification, et, à Londres, p a r u n e offre de média–
t i o n , nous avons essayé de faire la paix générale en O r i e n t . Nous n'avons pas réussi ; les
Grecs o n t refusé d'accepter les constatations internationales q u e les Turcs avaient a dm i –
ses, soit à Smyrne, soit en Thrace. A l o r s , j ' a i d i t à nos alliés que l'effort
d'ensemble
ayant malheureusement échoué, i l restait tout de même, p o u r la France, à régler une
situation q u i l u i devenait intolérable, et q u e c'était pour elle une nécessité de faire u n
accord particulier avec les Nationalistes turcs, o u , si vous aimez m i e u x , car c'est le vrai
n o m à leur donner, avec les patriotes turcs.
< Nous avons tenté de réaliser cet accord ; i l a été rédigé et signé : les hostilités o n t
cessé, le sang de nos soldats ne coule plus. Ce n'est pas négligeable à mes yeux, mais
ce n'est pas suffisant. Nous avons des prisonniers q u i sont entre les mains des Turcs
depuis n n certain n o mb r e de mois et q u i aspirent à la liberté, d o n t les familles nous
font comprendre que notre devoir est de hâter l e u r libération. E t puis, enfin, ayant peut-
Fonds A.R.A.M