L A SOCIÉTÉ D E S N A T I O N S E T L E S P U I S S A N C E S
lourdement sur son budget. Au contraire, la question de l a Cilicie une
fols réglée, le problème syrien n'existait p l us .
D'ailleurs, i l a apparu dès le premier moment que le traité de Sèvres,
dans son ensemble, «heurtait trop violemment les traditions françaises,
q u ' i l était trop violemment en contradiction avec nos intérêts, et du
momen t , et de l'avenir, et que c'était une nécessité de le remettre à
l'étude et de le modifier ». Dès l a première he'ure, M. Br i and avait « d i t
à ses alliés que jamais, à cause des traditions de la po l i t i que française
salion faite e n c o mm u n , sans porter atteinte au sentiment respectable de la souveraineté
nationale ottomane, mais suffisante p o u r assnrer que, nous partis, personne ne sera
menacé, q u ' i l n ' y aura pas de pillage, d'incendie, qu'enfin les choses se passeront c o mm e
elles doivent se passer entre peuples civilisés
{
Très bien! Très
bienl)...
«
De deux choses l'une : o u nous serons dans l'avenir — et c'est m o n ardent désir —
en paix amicale avec la Turqnie
(
Applaudissements),
et nous p o u r r o n s reprendre avec elle
nos relations d'avant-guerre, celles que nous avions quand quelques malheureux fana–
tiques égarés, trompés, p o u r ne pas dire pis encore, o n t entraîné l e u r peuple dans la
voie des catastrophes
{
Très bien ! Très bien
/),
ou bien nous resterons en état d'hostilité
d'une façon permanente, latente, si vous voulez. Ce serait alors une nécessité p o u r la
France d'avoir constamment des troupes sur les confins de l a Syrie et de la Cilicie, se
battant continuellement, d'où, dans nos budgets, des trous formidables.
{
Très bien!
Très
bien I)
f Les Nationalistes turcs sont méfiants, comme tous les nationalistes t Ce sont des
hommes q n i ont été, peut-être par l'excès de certaines parties d u traité de Sèvres, jetés
dans le nationalisme par une sorte d'explosion.
< En France, cela s'appelle d u patriotisme quand cela s'appliqne aux choses françaises.
Lorsque cela se p r o d u i t dans d'antres pays, quoique la source soit la même, cela s'ap–
pelle souvent d u fanatisme
(
Sourires).
Mais, e n réalité, ces fanatiques turcs, q u i se pré–
tendent des patriotes turcs, ont des préoccupations dont les unes sont peut-être excessi–
ves, mais dont les autres sont respectables et doivent, en effet, être respectées, car elles
dérivent d ' a n sentiment très juste de la souveraineté nationale de leur patrie.
< E n t r e eux et nous, pour la question de l a Cilicie, sans que nos accords gênent e n
rien nos alliés italiens ou anglais, doit se régler notre affaire. Si elle est réglée t o u t de
suite, le problème syrien n'existe pour ainsi dire plus.
h
Là, je répondrai à M . B e r l h o n en l u i i n d i q u a n t comment nous envisageons l'attitude
française, car i l ne vous échappe pas que, tant que, sur les confins de la Cilicie, i l y a
des bandes armées, tant qu'elles sont susceptibles de se porter à des excès, la possession
syrienne serait précaire, si nous n'y avions pas de nombreux h o mm e s en armes. Si, au
contraire, des accords sont conclus, si des engagements sont pris entre les Nationalistes
turcs et nous, c'est la paix q u i règne dans ces régions »
{
Asie française,
n * 194,
Juillet-août 1921, p . 312-329).
Voici d'autre part les extraits d ' u n discours n o n moins i m p o r t a n t , prononcé p a r
M. Aristide B r i a n d , Président d u Conseil, le 12 j u i l l e t 1921, a u Sénat français :
«
i ' a l d i t que si une puissance a le droit d'exercer u n mandat s u r la S y r i e , c'est
'
a France, p o u r une foule de raisons q u ' i l n'est n u l besoin d'indiquer au Sénat.
«
Cette politique, au n om de laquelle le gouvernement a sollicité u n mandat s n r là
Syrie, que doit-elle être ? One politique de domination inspirée par n n esprit de con–
quête ? N u l l e m e n t . Là, nous avons été appelés par le vœu ardent, Onanime, de toutes
les populations. Lorsqu'il s'est agi de l a disparition de la T u r q u i e — et, à u n m o m e n t
donné, c'est u n e question qu'avait posée la guerre — i l a fallu savoir quelles seraient
les puissances q u i se partageraient cet Em p i r e . E n 1916, dans des accords aux négocia-
Fonds A.R.A.M