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L A SOCIÉTÉ DES NATIONS ET LES PUISSANCES
de l a gendarmerie et de l ' admi n i s t r a t i on mun i c i pa l e » (art. F). Ces der–
nières dispositions trouvaient une contre-partie en faveur des popula–
t i on s turques dans la région d'Alexandrette, dans le paragraphe I :
«
Le gouvernement français instituera un régime a dmi n i s t r a t i f spécial
pour l a région d'Alexandrette, où les populations on t un caractère
m i x t e , et s'engage à donner aux habitants de race turque toutes les fa–
cilités pour le développement de l e u r culture et l ' emp l o i de la langue
t u r qu e q u i aura le caractère officiel, au même titre que les langues arabe
et française ».
Les buta que poursuivait le gouvernement français en concluant
l'accord de Londres ont été exposés avec force et précision par le Pré–
sident d u Conseil français, M. A r i s t i d e B r i and , aux séances de la Cham–
bre des députés et du Sénat français, les H et 12 j u i l l e t 1921 (1). Les
déclarations de M. B r i a n ^ p e u v e n t être résumées comme suit :
,(1)
Vu la grande importance qu'a, pour l'histoire arménienne, la précision authentique
de la politique orientale française à cette époque, nous croyons indispensable de pré–
senter des extraits plus détaillés des déclarations de M. Aristide Briand, Président du
Conseil, se référant à l'accord de Londres faites, le 11 juillet 1921, devant la Chambre
française :
«
Vous savez très bien que le traité de 1916 consacrait des droits très étendus de la
France sur toutes ces régions
(
Très bien! Très bien.').
C'était l'idéal vers lequel nous
avions tendu l'effort français. Depuis i l y a eu d'autres accords, et la question s'est
posée de savoir comment nous tiendrions la Syrie dans ses plus vastes frontières. Puis, à
un moment donné aussi, s'est posé le problème de la politique traditionnelle de la
France dans tout l'Orient, le proche et le lointain Orient : comment serait modifié le
traité de Sèvres et comment pourrions-nous arriver à établir en Europe et en Orient ta
paix définitive.
t
I I n'y a pas de problème particulier, dans les graves difficultés que nous rencontrons.
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n'y a pas à proprement parler un problème de Syrie, vous avez eu raison de le dire
tout à l'heure. I l y a des problèmes d'ensemble qui, s'ils ne sont pas résolus, ne nous
permettront pas d'établir la paix définitive.
«
Le gouvernement est obligé de tenir compte de toutes les conditions du problème
extérieur et quand la Chambre et le Sénat, par toutes les manifestations, montrent le
désir, la volonté que la France fasse la paix avec la Turquie, i l faut que le gouverne–
ment en emploie les moyens. Quand i l négocie, soyez sûrs qu'il ne néglige pas ce qui
vous a préoccupés. Soyez certains que, dans les négociations actuelles, la question des
points d'eau, celle de la sécurité d'Alexandrette, que pourrait rendre précaire une fron–
tière trop rapprochée, seront soulevées de même que la question de la sécurité des
minorités, dans leurs personnes et dans leurs biens, dans la région de Cilicie, région
que nous ne pouvons pas évacuer, sans en avoir assuré la pacification. C'est un engage–
ment d'honneur que nous avonr pris, c'est un engagement réel, du reste, sous notre
'
signature, vis-à-vis de toutes les Puissances alliées. Voilà comment le problème se pose
pour le gouvernement.
(
Très bien! Très
bien!)...
«
A la suite du traité de Sèvres, i l fut entendu que la France ne resterait pas en
Cilicie, qu'elle devrait l'évacuer, mais qu'elle prenait vis-à-vis des Alliés l'engagement
d'y rester avec des troupes tant que n'aurait pas été assurée la protection des personnes
et des biens des minorités. »
(
Très bien! Très bien!)
«
Nous voilà donc, Messieurs, maintenus dans un état d'hostilités prolongeant celles si
Fonds A.R.A.M