CHAPITRE X
L E S ACCORDS SÉPARÉS D E L O N D R E S E T L E TRAITÉ TURCO-RTJSSE D E MOSCOU.
I
L'espoir d'arriver a u p r omp t établissement d'une paix générale dans
l e Proche-Orient ayant été déçu, le gouvernement français estima né–
cessaire de conclure un accord spécial avec le gouvernement d'Angora.
Cet accord fut signé, à Londres, le 9 mars 1921, par M. Aristide Br i and
et Bekir Sami Bey .
A u po i n t de vue t e r r i t o r i a l , la'France, mandataire en Syrie, consentait,
par cet accord, à une réduction considérable des limites de ce pays
fixées par le traité de Sèvres (1). Elle abandonnait, en effet, à la Tu r qu i e
toute l a vallée inférieure d u D j i houn et tout le fond d u golfe d'Alexan-
drette et les territoires se t r ou v an t au No r d du chemi n de fer de Bagdad,
depuis Tchoban-Bey jusqu'à Nissibin. En d'autres termes, la Tu r qu i e
récupérait toute la Cilicie avec les débouchés donnant accès à l a Syrie
et l a majeure partie des « Confins militaires » créés au Nord d u g ou –
vernement d'Alep, avec les villes de Aïn-Tab, de B i r i d j i k , d'Ourfa, de
Ma r d i n , etc. : ces Confins, q u i d'après l a paix de Sèvres avaient une su–
perficie de 48.200 kilomètres carrés peuplés de 800.000 habitants en
chiffres ronds, étaient réduits par l'accord de Londres à 26.000 kilomètres
peuplés de 255.000 âmes (2).
(
t) V. l'intéressant article de M . Henri Froidevaux,
La France et la grande Assemblée
nationale d'Angora,
dans
l'Asie française,
de mai 1921, n° 192, p. 180-183. Le texte de
l'accord de Londres a été publié dans le n° 196 de la même Revue, novembre 1921, p. 416.
(2)
Paragraphe L de l'accord de Londres :
t La frontière entre la Turquie et la Syrie partira d'un point à choisir sur le golfe
d'Alexandrette, immédiatement au Sud de la localité de Payas et se dirigeant sensible–
ment en ligne droite vers Meidan Ekbès (la station de chemin de fer et la localité res–
tant à la Syrie). De là, la frontière s'infléchira vers le Sud-Est, de manière à laisser à la
Syrie la localité de Marsova et à la Turquie celle de Karnaba, ainsi que la ville de K i l -
l i s . De là, la frontière rejoindra la voie ferrée à la station de Choban Bey. Ensuite, la
frontière suivra la voie ferrée de Bagdad, dont la plate-forme restera en territoire otto–
man jusqu'à Nouseibine. Pois, la frontière rejoindra le coude du Tigre au Nord d'Aszekh
Fonds A.R.A.M