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L A SOCIÉTÉ DES NATIONS ET LES PUISSANCES
Tchécoslovaquie, une Diète autonome q u i exerce des pouvoirs législa–
tifs, mais u n simple régime local q u i , tout en sauvegardant d'une ma –
nière complète l'unité de l'État turc, permette aux Arméniens de con–
server leurs anciennes c ou t ume s . Le Foyer arménien ne serait pas de
celte façon un t e r r i t o i r p fermé aux autres habitants des territoires turcs,
n i soustrait à l ' a dmi n i s t r a t i on t u r que , mais seulement un po i n t de
concentration p ou r les Arméniens éparpillés dans le monde » (1).
Dans son r appo r t q u ' i l adressait, le 7 j anv i e r 1923, à l o r d Curzon,
Président de la première Commission, M. Montagna s'abslint de parler
dupasse el évita le terme même de Foyer na t i ona l . « Avec l ' appu i effi–
cace de mes collègues, d i t - i l , j ' a i a i ns i attiré la plus sérieuse attention
de la Délégation turque sur le fait que l ' op i n i on de tous les pays attend
de la Conférence de Lausanne une s o l u t i on propre à assurer d'une façon
définitive l'existence pacifique des populations arméniennes en T u r q u i e .
J'ai indiqué que cette solution pouvait se trouver dans u n accord avec
le gouvernement turc qu i devrait permettre aux Arméniens (aussi bien
à ceux qu i se trouvent encore en Tu r qu i e qu'à ceux q u i sont en ce mo –
men t dispersés à l'étranger) de se concentrer et de se réunir dans une
localité d u t e r r i t o i r e turc, que le gouvernement turc aurait pu choisir
lui-même, d'accord avec la Société des Nations. J'ai expliqué que cette
s o l u t i on , l o i n de porter atteinte à l a souveraineté turque et aux p l us
délicates susceptibililés d u gouvernement turc, au r a i t p u satisfaire
l ' o p i n i o n pub l i q u e mondiale et l u i démontrer l a véritable i n t e n t i on de
l a T u r q u i e d'entrer dans la voie du progrès et de la modernisation » (2).
En f i n , l e procès-verbal n * 19 de la Commission des questions territo–
riales et mi l i t a i r e s de l a Conférence de Lausanne (séance d u ma r d i
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j an v i e r 1923) contient ce passage : « En ce qu i concerne les Armé–
niens, l o r d Curzon ne d i r a que quelques mots, car cette question a déjà
été traitée avec beaucoup de talent pa r M. de Montagna qu i a montré
que la proposition d'organiser u n Foyer national n ' i mp l i q u a i t nu l l eme n t
l'intention de porter atteinte à la souveraineté turque, de créer un État
dans l'État ou de constituer u n régime autonome » (3).
A i n s i , tandis que M. Montagna, dans son rapport, et l o r d «Curzon,
dans son discours, semblaient ne préciser la notion d u Foyer nationa
qu ' au p o i n t de vue de l'avenir, le discours de M. Montagna à la sous -
(1)
Noos citons le discours de M. Montagna d'après une copie qui circulait le même
jour à la Conférence de Lausanne et dont nous croyons pouvoir garantir l'authenticité.
Ce discours ne figure malheureusement pas aux Livres jaune et bleu sur la Conférence
de Lausanne.
(2)
Livre jaune sur la Conférence de Lausanne, t. I , p. 253.
(3)
Livre jaune, t . I , p. 246.
Fonds A.R.A.M