DEVANT LE PROBLÈME ARMÉNIEN
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évoque par conséquent l'idée d ' un mandat. Cependant, comme nous
l'avons pu constater à plusieurs reprises, aucune puissance n'avait v o u l u
s'embarrasser d'un mandat arménien. Par conséquent, l'idée d u mandat
n'a pu être envisagée par les Alliés.
I l ne reste donc qu'à conclure que le
Foyer national,
envisagé par les
Alliés en mars 1921 pour les Arméniens turcs, consistait, dans l eu r es–
prit, dans la création, sur les frontières orientales de la Tu r qu i e , d'une
province autonome,
placée sous la souveraineté de la Tu r qu i e et d on t
le statut serait garanti par le futur traité. Le terme de province était
toutefois choquant. On peut supposer que, désireux peut-être de voiler
autant que possible le reniement de leur profession de foi de Sèvres,
les Alliés choisirent le terme le plus discret et le plus élastique de
foyer
pour leur permettre, en cas d'événements imprévus, un retour sur
leurs anciennes positions.
Ces événements ne se p r odu i s i r en t pas. Aussi, comme nous le verrons
plus loin, les Alliés crurent bientôt o pp o r t un d'interpréter la conception
du Foyer national arménien dans u n sens restrictif en l u i refusant même
le caractère de province autonome. Nous apprécierons par la suite cette
nouvelle adaptation aux exigences turques. I c i i l nous imp o r t e seule–
ment de nous élever contre l'interprétation de la
première
p r o p o s i t i o n
concernant le Foyer national arménien, interprétation q u i l u i a été don–
née en 1923 par l ' un des représentants des Alliés pendant la Conférence
de Lausanne.
Le 6 janvier 1923, à la séance de la sous-Commission des minorités
de la Conférence de Lausanne, le délégué de l ' I t a l i e , M. Montagna, Prési–
dent de cette sous-Commission, expliqua, en effet, que le terme de Foyer
national n'avait pas compris,
même dans le passé,
l'idée de l ' au t onomi e ,
Les Puissances alliées, d i t M . Montagna, ont proposé plusieurs fois la
constitution d ' un Foyer national en Tu r qu i e , bien qu ' on ait donné à cette
expression une signification beaucoup plus large que celle qu i était
aussi bien dans leurs intentions que dans les nécessités réelles de l a
protection des Arméniens. Le Foyer arménien en Tu r qu i e , suivant les
Alliés, devait consister simplement dans la faculté accordée à tous les
éléments de la population arménienne de se concentrer e t d e s e réunir,
tout en sauvegardant la liberté des décisions individuelles, dans une
partie déterminée d u territoire turc. Cette concentration des éléments
de la population arménienne ne devrait naturellement pas arriver à cons–
tituer un État dans l'État, mais elle serait un i quemen t destinée à l e u r
permettre de j o u i r plus facilement de certaines mesures qu i devraient
garantir ta conservation de leur culture et de leur langue. Nous ne de–
manderons pas, comme nous avons fait en faveur des Ruthènes ,de
Fonds A.R.A.M