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DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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En Ge q u i concerne la Cilicie, M. Berthelot fit ressortir qu ' on ne
saurait obtenir pour ce pays un régime spécial q u i n'était pas prévu
par le traité de Sèvres, mais i l déclara en même temps que la France
était déterminée à faire tout ce qu'elle pou r r a i t pour assurer une garan–
tie complète aux minorités (1) arméniennes, que ce fût par la création
d'une gendarmerie mixte sous des officiers français ou par quelque
autre arrangement (2).
Le même j o u r , 26 février, i l fut « déclaré à la Délégation
turque
par
l o r d Curzon (3) que, si les circonstances avaient dans une certaine me –
sure changé depuis la signature d u traité de San Remo, l'obligation de
constituer une Arménie unie et stable était de celles que les Puissances
n'avaient pas là plus légère intention d'abandonner.et que, dans l'inté–
rêt du gouvernement turc en Asie Mineure, non moins que dans celui
des Arméniens eux-mêmes, i l était impo r t an t de fixer la frontière accep–
tée par toutes les parties, par laquelle seraient restitués à l'Arménie les
districts dont elle a été, récemment dépossédée, et de permettre à «'Ar–
ménie d'aspirer à une existence nationale assurée delà sécurité ».
Au sujet des Arméniens de Cilicie, M. Berthelot, au nom de l a Délé–
gation française, affirma à nouveau l'intention des Français, quand i l s
cesseront l'occupation mi l i t a i r e de la Cilicie, de prendre des garanties
pour la sauvegarde des intérêts et de la situation des Arméniens dans
cette partie de la Tu r q u i e .
La réunion décida finalement de soumettre des propositions formelles
au Conseil suprême au sujet de la modification possible des clauses d u
traité de Sèvres relatives au Kurdistan et à l'Arménie, à la lumière des
récents événements.
Quelques j ou r s après la séance consacrée à la question arménienne,
le 4 mars, la Conférence entendit les réponses définitives des Déléga–
tions grecque et turque à la proposition relative à l'enquête internatio–
nale en Thrace et à Smyrne. Le gouvernement hellène se déclara dans
l'impossibilité d'accepter une proposition q u i , dans son esprit, tendait
à l u i faire abandonner les droits consacrés par le traité de Sèvres. L'As–
semblée nationale d'Angora, par contre, confirma l'acceptation de l'en–
quête dans les termes formulés par ses.délégués, tout en n'acceptant
les autres dispositions du traité de Sèvres qu'« en tant qu'elles soient
adaptées aux conditions indispensables à l'existence d'une Tu r qu i e l i b r e
fl) Boghos Nubar Pacha contesta la justesse de ce terme, les Arméniens constituant,
d'après lui, la
majorité
de la population de la Cilicie.
(2)
No us avons eu sous les yeux le procès-verbal anglais non imprimé de la séance du
26
février 1921.
t3) V. le communiqué officiel de la Conférence de Londres du 26 février 1921.
Fonds A.R.A.M