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L A SOCIÉTÉ DES NATIONS ET LES PUISSANCES
en v e r t u d u traité de Sèvres, retour à la Tu r q u i e , mais qu i restait
cependant dans la zone d'influence française, Boghos Nubar Pacha r a p r
pela que ce pays abritait plus de 150.000 Arméniens rapatriés depuis
l
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armistice et fit u n appel chaleureux à la France, l'adjurant d'obtenir
de l a Tu r qu i e , pour l a Cilicie, u n régime d'autonomie administrative
avec une gendarmerie m i x t e .
M. Aha r on i an , parlant en qualité de représentant de la République
arménienne, reconnue par le traité de Sèvres, s'éleva avant tout contre
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impression de certains mi l i eux que l'invasion de l'Arménie par les
Soviets au r a i t amené u n changement dans la- situation po l i t i que . L'ins–
tauration d u Bolchevisme en Arménie n'avait été rendue possible que
par
l
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invasion kémaliste. L'occupation de l'Arménie russe par les Soviets
n'était pas une raison pour arrêter la libération de l'Arménie turque où
rentreraient les 300.000 réfugiés se trouvant actuellement sur le territoire
de
l
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Arménie russe. D'ailleurs, le régime des Soviets était déjà à l'heure
actuelle renversé pa r une insurrection (1). Quant à l'action kémaliste
contre
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Arménie, elle visait les Alliés et le traité de Sèvres : en effet,
la
répudiation de ce traité fut imposée aux Arméniens par le traité
d'Alexandropol que l eu r dictèrent les Turcs victorieux. Cependant le
gouvernement d'Érivan, avant de signer ce dernier acte, avait prescrit à
ses représentants à l'étranger de ne pas reconnaître la validité d
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gements q u ' i l serait forcé de prendre sous la pression soviétiste et
kémaliste; par conséquent le traité d'Alexandropol était répudié par
les Arméniens. M. Aha r on i an ne manqua pas d'indiquer, au cours de
son discours, qu'en détruisant l'Arménie du traité de Sèvres les
Natio–
nalistes turcs cherchaient à donner ia main au-dessus de ses ruines aux
Touraniens dont les séparaient les Arméniens. I l fit valoir également
que le ma i n t i en d u traité de Sèvres serait un terrible coup porté au
Bolchevisme en Transcaucasie.
Pendant cette même séance, l o r d Curzon précisa les difficultés sérieur
ses que rencontrait, dans son o p i n i on , l'exécution intégrale d u traité
de Sèvres : le Bolchevisme dans l'Arménie russe, l'occupation de l
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Arr
ménie turque par Moustapha Kémal et l'impossibilité pour les Puissan–
ces d'eqvoyer de grandes forces au secours de l'Arménie ; en outre, le
Président Wi l s on avait dans sa sentence assigné à l'Arménie des limites
difficilement réalisables, comprenant différentes régions turques ainsi
que le port de Trébizonde. A ces observations la Délégation arménienne
répondit qu'elle ne demandait pas Trébizonde, mais un accès à la me r ,
et qu'en général les Arméniens étaient préparés à des sacrifices.
(1)
Malheoreusament, comme nous l'avons déjà vu, les Soviets restaurèrent bientôt
leur régime en Arménie,
Fonds A.R.A.M